Algérie

La valeur du dinar continue de dégringoler



A la place Port Saïd, un euro est cédé contre 140 à 150 dinars et entre 95 et 100 DA pour le billet vert.Le relèvement du taux de change du dinar par rapport à l'euro et au dollar, «fera inonder le marché par les importations».
Alors que les organisations patronales des experts en finances, affirment que la Banque centrale avait recouru discrètement à une dévaluation clandestine du dinar algérien, le gouverneur de la Banque d'Algerie, Mohamed Laksaci et le ministre des Finances, M.Djoudi réfutent, sans convaincre, cette information. La problématique liée à la «dévaluation» ou «glissement» du dinar algérien, en somme une différence sémantique, continue de susciter moult débats entre opérateurs économiques et experts d'un côté et les responsables de la Banque d'Algérie et le département des finances, de l'autre. Entre-temps, la dégringolade persiste. La cotation du dinar(une monnaie non convertible), répond aux normes, a déclaré le gouverneur de la Banque d'Algérie.
La cotation hebdomadaire des billets de banque est rendue publique par la Banque d'Algérie. Depuis les années 1990, «nous assistons à des dévaluations périodiques du dinar», affirme l'expert international, le Dr Abderrahmane Mebtoul. Il convient de signaler que la dernière dépréciation en date est celle du 4 février. Dépassant actuellement les 108 dinars pour un euro contre 98-99 dinars un euro début 2011 et près de 79 dinars un dollar, le dinar, estime-t-il «s'est déprécié de plus 300% depuis 1995». La dévaluation du dinar est d'autant plus ressentie que la facturation de nos importations se fait en euros et les exportations en dollars, pénalisant tant les opérateurs économiques que les ménages algériens puisque les exportations constituées sont essentiellement d'hydrocarbures à l'état brut et semi-brut. La baisse de la valeur du dinar algérien est beaucoup plus importante dans la sphère informelle qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation, soit plus de 13 milliards de dollars. Ces dernières années, l'écart entre l'échange officiel et parallèle s'est creusé profondément. Sur la principale place de cette bourse clandestine ayant des ramifications aux quatre coins de la place Port Saïd, un euro est cédé contre 140 à 150 dinars et entre 95 et 100 DA pour le billet vert. Cela indique qu'«il existe un lien dialectique entre l'extension de la sphère informelle notamment marchande, importatrice, et la logique rentière», selon cet expert. D'après le gouverneur de la Banque d'Algérie, il n'y a pas eu d'impact de la crise mondiale notamment des banques internationales après 2008 et de la crise de l'endettement des Etats sur les réserves de change algériennes. Or, les experts affirment le contraire. Selon un conseiller de la Banque d'Algérie, Djamel. Benbelkacem, le dinar est soumis au régime de «flottement dirigé», ce qui veut dire que sa valeur change au moins cinq fois par jour sur le marché interbancaire des changes. «On ne parle de dévaluation que lorsque le taux de change est fixe, c'est-à-dire, qu'il ne varie pas ni dans la journée, ni dans la semaine, ni dans le mois à l'exemple de la monnaie chinoise», a-t-il précisé. Pour la Banque d'Algérie, il s'agit d'un glissement du taux de change. Pour les experts, il s'agit d'une dévaluation afin de freiner, grâce aux taux d'inflation importée, les augmentations de salaires et l'accroissement des importations. Mais aussi, «pour gonfler la fiscalité pétrolière et le fonds de régulation des recettes qu'il conviendra, pour plus de transparence, de supprimer et d'établir les lois de finances au cours du marché», explique-t-on. Le calcul de la loi de finances sur la base de 37 dollars répond au souci «de voiler l'importance du déficit budgétaire et les impacts mitigés de la dépense publique», souligne-t-on. Selon ces même experts, «la Banque d'Algérie dévaluait le dinar tant par rapport à l'euro qu'au dollar et aujourd'hui, alors que le dollar est faible, la Banque d'Algérie continue de dévaluer le dinar à la fois par rapport à l'euro et au dollar». Dans le même ordre d'idées, en rejoignant l'avis des experts, la BA fait savoir que le relèvement du taux de change du dinar algérien par rapport à l'euro et au dollar, tel que le souhaitent certains opérateurs économiques, «fera inonder le marché par les importations», la surévaluation serait un «cadeau empoisonné» aux entreprises industrielles locales qui peinent à résister à la concurrence des produits importés. «Si on apprécie le dinar, nous rendrons beaucoup moins chères les importations pour la revente en l'état, ce qui va concurrencer de manière féroce la production de nos entreprises locales», a-t-il expliqué. Dans un pays qui n'est pas tout à fait performant sur le plan économique, une surévaluation de la monnaie «tuera le tissu industriel local», a-t-il averti.


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