Algérie - Revue de Presse


L'incident survenu dimanche dans la matinée, aux abords immédiats du siège de la présidence de la République, à El Mouradia, qui avait vu un véhicule forcer les barrières de sécurité avant de percuter un poteau et de s'immobiliser à quelques mètres de l'entrée officielle du palais d'El Mouradia, n'a été relaté que par quelques titres de la presse écrite indépendante dont El Watan. Du fait du black-out total qui avait entouré cette affaire au plan de la communication officielle, les versions sur les circonstances de cet accident diffèrent d'un organe à un autre. Deux hypothèses sont avancées : la première croit savoir que le véhicule sortait de l'enceinte de la présidence de la République et la seconde que le véhicule (fou ' ou pas si fou que cela ' ) s'était trompé de route et s'était retrouvé, malencontreusement, dans cette zone sensible sous haute surveillance sécuritaire.Durant toute la journée de dimanche et jusqu'à hier, aucune information officielle n'avait filtré sur l'incident ajoutant ainsi aux folles spéculations qui avaient circulé sur cet événement, lequel avait fait rapidement le tour du Tout-Alger. L'événement est pourtant loin d'être anodin, compte tenu du lieu stratégique où s'était déroulé l'accident, pour le verser au registre des faits divers. En censurant l'information sous le prétexte qu'il s'agissait d'un banal accident de la circulation, comme il en arrive partout, et qui ne mérite pas, par conséquent, une médiatisation particulière, les autorités ont contribué, paradoxalement, à nourrir toutes sortes de spéculations. Elles n'ont laissé à la presse d'autre choix que de s'appuyer sur des témoignages de citoyens rencontrés sur les lieux, témoignages dont on connaît, par ailleurs, parfois, les élucubrations en pareille circonstance. Pourtant, un simple communiqué des services de sécurité aurait suffi pour informer les citoyens de ce qui s'est réellement passé devant le siège de la présidence de la République.Le silence observé sur cette affaire, aussi bien par les services de l'information de la présidence de la République que par les services de sécurité, a accrédité auprès de l'opinion nationale la thèse du pire, celle d'un projet d'attentat avorté. Dans la culture politique officielle, il y a comme une sacralisation de tout ce qui touche aux institutions officielles. La raison d'Etat a laissé place à la raison de l'Etat et des hommes qui dirigent le pays, lesquels sont seuls habilités à décréter quelle information relèverait du domaine public et celle qu'il faudrait taire au nom d'une vision étriquée et égocentrique de l'intérêt national. Les anciens du journal El Moudjahid se souviennent certainement de l'information sur la bombe qui avait explosé devant le siège du journal dans les années 1970, un événement diffusé par le journal, citant l'Agence officielle de presse algérienne APS.« Une bombe explose devant le siège d'El Moudjahid selon l'Aps » titrait alors le journal qui avait malgré tout osé parler à sa manière et en dépit des contraintes politiques de l'époque de choses aussi importantes. Aujourd'hui on censure même les petits potins qui se déroulent aux alentours des édifices officiels et qui viennent déranger la sérénité et la quiétude de ces places offshore donnant lieu à des lectures politiques équivoques.
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