Al Joraa (La dose), de Hocine Mokhtar, tente de questionner péniblement l'après-«Printemps arabe» et d'évoquer les effets néfastes de l'oppression.Al Joraa est la première pièce mise en scène par le jeune Hocine Mokhtar, de l'Association Echourouk de Mascara. La pièce, présentée vendredi soir au Théâtre régional de Sidi Bel Abbès, est en compétition au 9e Festival culturel de théâtre de Sidi Bel Abbès qui se déroule jusqu'au 8 avril 2015. Des comédiens sont venus de Skikda, Chlef, Oum El Bouaghi, Tiaret et de Bordj Bou Arréridj pour épauler le jeune metteur en scène dans son expérience. Khamsa Mebarkia, Hichem Guergah, Rabie Adjaout, Ali Namous et Aïssa Chouat ont joué bénévolement.Le musicien Adel Amamra et le scénographe Hamza Djaballah ont contribué également à la pièce. «Notre association n'a pas de moyens financiers. Ces comédiens sont venus jouer gratuitement, nous restions ensemble dans même espace appelé Al Kaws pour préparer la pièce dans une bonne ambiance. Notre association possède un petit espace au Jardin Pasteur à Mascara. Beaucoup de comédiens viennent répéter chez nous», a souligné Hocine Mokhtar.L'Association Echourouk a été créée en 1995 par, entre autres, le metteur en scène et comédien Mohamed Frimehdi, Houari Chikhaoui et Fouad Al Najar. Mohamed Frimehdi prépare actuellement une nouvelle pièce avec le Théâtre régional de Souk Ahras. Hocine Mokhtar a opté pour un texte dense du dramaturge irakien Houssam Kandil, Madhbaha hadathat moundhou aam (Une boucherie qui date d'une année). «J'ai découvert Houssam Kandil lorsque j'ai fait une expérience avec Mohamed Frimehdi avec le texte Le portrait de Dorian Gray (adapté de l'œuvre d'Oscar Wilde).J'ai lu trois autres textes de ce dramaturge, dont celui que j'ai adapté pour la pièce Al Joraa», a confié Hocine Mokhtar.Dans cette pièce, les personnages n'ont pas de noms, la terre inconnue et les traits des protagonistes sont presque effacés. Le metteur en scène a choisi l'atmosphère sombre pour intensifier ? peut-être trop ? le drame d'âmes perdues. Il est question de ramasseurs d'ordures, de général tortionnaire, d'un assassin fou, d'un psychiatre tout aussi dérangé, d'un bourreau sadique, et d'une femme qui a trahi son mari.Trahison, violence, torture, tyrannie, cassure, amertume, désespoir, soumission, peur et oppression s'entremêlent et s'entassent jusqu'à l'étouffement. Hocine Mokhtar s'est engagé sur un chemin tortueux pour exprimer sa volonté de revenir sur les récentes révoltes arabes et sur les années de violence en Algérie (même si le propos est resté flou sur cette question). Le discours est direct, la démarche trop visible et la dénonciation brusque. Des erreurs techniques ont métamorphosé la lumière (conçue par Noureddine Baatouche), en un véritable ennemi. Les comédiens ont raté parfois d'un pas ou deux la position initiale sur le plateau se trouvant dans le noir.L'utilisation abusive des effets sonores et de la musique a rendu parfois inaudible la voix des comédiens. Cela dit, le metteur en scène a affronté avec un certain courage une thématique difficile et a tenté d'adopter des angles «visuels» divers dans sa conception scénique. Disons que c'est une première expérience appelée à se perfectionner au fil du temps et de la pratique théâtrale. «Je n'ai pas donné de noms à mes personnages parce qu'ils existent partout. Ceux qui militent pour la paix font parfois d'autres choses. J'ai choisi l'atmosphère noire parce que ce genre d'événements se déroulent souvent dans l'ombre, loin des regards», a conclu Hocine Mokhtar qui est également comédien.
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Posté Le : 05/04/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Fayçal Métaoui
Source : www.elwatan.com