Algérie

La tuta attaque les champs de pomme de terre



La pomme de terre est bien gâtée mais, à la stupéfaction de tous, par la tuta absoluta et non par la teigne (phtorimea opperculela). Surprise bien grande quand on sait que la tuta est l'ennemie numéro un des producteurs de tomates. La découverte est de taille et la panique à bord dans les institutions. C'est l'entreprise anglaise Russel IPM, installée en Algérie, qui l'a découvert. Elle a offert gracieusement de chercher l'origine du mal qui ronge les champs de pomme de terre. En accord avec l'Institut national de protection des végétaux, des pièges ont été placés dans des champs, à Boudouaou et Corso, pour identifier l'intrus. La technique a non seulement permis de révéler qu'il s'agissait de la tuta et non de la teigne mais, en plus, le procédé est entièrement écologique puisqu'il recourt à des méthodes biologiques. Explication : des pièges constitués d'une feuille cartonnée enduite de colle, pourvus d'une sorte de petit bouchon rouge de la taille d'un coude imbibé d'une dose de phéromones, ont été placés au milieu des champs de pomme de terre à Boudouaou.Les phéromones, pour information, sont des molécules chimiques émises par les êtres vivants et spécifiques à l'espèce : les fourmis dégagent leur propre phéromone ainsi que les êtres humains ou encore la tuta et la teigne. Parmi les pièges on distingue ceux aux phéromones de tuta et ceux de teigne. La procédure a débuté le 23 février et c'est au matin du 25 février qu'a eu lieu l'opération de vérification. Sur les pièges à phéromones du tuta, quelque 212 individus ont été capturés. Ce qui est, de l'avis de Merzouki Yamina, un record.La pomme de terre est donc infestée et le site de Boudouaou n'est pas le seul puisqu'on sait que les agriculteurs de Mostaganem, de Jijel et même de Biskra se plaignent de teigne sur leurs récoltes de pomme de terre ; alors qu'il s'agit certainement de la tuta.Ce qui est le plus à craindre est qu'il faut au moins dix années de lutte acharnée pour en venir à bout. Et la tuta ne touche pas uniquement la tomate. De nombreux agriculteurs qui ont vu leurs récoltes de tomate réduite à néant, l'année dernière, à cause de la tuta, ont décidé de se convertir à la pomme de terre. Sauf qu'avant d'entamer le changement, il aurait fallu brûler toutes les larves de tuta. En effet, cette dernière n'est pas spécifique à la tomate et elle peut s'attaquer à toutes les solanacées. Le poivron ou l'aubergine ne sont pas non plus à l'abri. La lutte biologique par les phéromones permet de capturer tous les adultes dans le piège et empêcher leur reproduction.Un seul piège suffit pour un hectare. L'entreprise Russel propose entre autres un insecticide biologique à base d'huile de neem contre les larves. Le principe actif de ce produit agit en anéantissant l'appétit de la larve qui finit par mourir d'inanition. Cet insecticide n'est pas encore homologué, mais il assure une lutte écologique efficace contre la tuta et ses larves. Une lutte biologique qui a fait ses preuves en Espagne ou encore au Brésil et qui risque de connaître encore des jours heureux si des informations concernant le produit et les précautions à prendre quant à son utilisation sont dispensées aux agriculteurs.


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