Algérie

La Turquie s'inquiète d'un marasme économique grandissant



Le tourisme est déjà en berne
Les économistes appelaient depuis des mois à un redressement des taux d'intérêt pour enrayer l'inflation à deux chiffres et éviter une surchauffe de l'économie, mais le président Recep Tayyip Erdogan n'a eu de cesse de critiquer ce type de mesures...
A moins d'un mois de l'élection présidentielle à laquelle le président Recep Tayyip Erdogan est candidat, la Turquie traverse une période d'incertitude économique qui affecte le moral des citoyens en général et des hommes d'affaires en particulier. Après l'affaiblissement de la livre turque face au dollar, cette semaine, et malgré les tentatives du gouvernement pour les rassurer, les Turcs restent en effet inquiets au sujet de l'économie, tandis que se profilent ces élections cruciales. La livre turque s'est brièvement échangée à 4,92 TRY contre un dollar mais a compensé une partie de ses pertes mercredi après un relèvement inattendu d'un des principaux taux d'intérêt de la Banque centrale.
Mais pour beaucoup, cette mesure reste insuffisante: ne montrant pas de signe réel d'amélioration, la livre s'échangeait à 4,7 contre un dollar à la clôture vendredi et a perdu 16% de sa valeur contre le billet vert en un mois. Dans un bureau de change situé sur l'une des principales rues commerçantes d'Ankara, les esprits sont tournés vers la dégradation de la situation et la crainte que le pays ne traverse déjà ce que des économistes de la Commerzbank ont décrit cette semaine comme une «crise monétaire». Une journaliste a vu des dizaines de personnes affluer dans ce bureau de change pour convertir leurs livres en or, dollars, ou euros.
Ali Yilik, un vendeur de matériaux de construction venu changer ses livres en dollars pour son travail, se dit peu convaincu par les propos rassurants des autorités.»Qui ne serait pas inquiété par la situation des taux de change' Dans des circonstances normales, cela n'arrive pas. C'est extraordinaire», affirme-t-il. Son fils, Yahya Yilik, qui gère le bureau de change Tunali Döviz, explique que plus de Turcs viennent acheter des euros et des dollars avec l'inquiétude que la livre ne chute davantage tandis que la levée des taux d'intérêts n'est qu'une «mesure temporaire».
Les économistes appelaient depuis des mois à un redressement des taux d'intérêt pour enrayer l'inflation à deux chiffres et éviter une surchauffe de l'économie, mais le président Recep Tayyip Erdogan n'a eu de cesse de critiquer ce type de mesures, appelant au contraire à une baisse de ces taux. La dégringolade de la livre ces derniers jours a été provoquée par des commentaires du président turc la semaine dernière, affirmant qu'il souhaitait peser davantage sur la politique monétaire s'il était réélu le 24 juin. «Notre économie empire de jour en jour. Par le passé, la Turquie était un pays leader en termes d'agriculture et d'élevage, mais maintenant on importe de la viande de Serbie et du foin de Russie», déplore un étudiant en partance pour les Etats-Unis.
Afin d'apaiser les esprits, le vice-Premier ministre Mehmet Simsek, un ancien de chez Merrill Lynch, qui a la confiance des milieux économiques, a déclaré, lors d'une interview télévisée, que la Banque centrale «ferait tout ce qui est nécessaire». «Il n'est pas question de reculer, que ce soit sur l'indépendance de la Banque centrale ou sur une économie de marché régulée», a-t-il assuré, sur la chaine privée NTV. Certains sont néanmoins convaincus par la rhétorique du gouvernement qui impute la chute de la livre à un «complot» visant à affaiblir la Turquie.
Pour eux, l'augmentation de la valeur du dollar et de l'euro est «artificielle», causée par «la pression économique des puissances étrangères». Après l'annonce de la décision de la Banque centrale mercredi, M. Erdogan a insisté sur le fait que la Turquie continuerait d'adhérer aux principes internationaux en matière de politique monétaire. Mais il a tout de même ajouté qu'il ne laisserait pas ces principes «achever notre pays».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)