Algérie

La Turquie à la veille de bouleversements '



Qu'il est loin le temps où il pouvait difficilement assumer son statut d'opposant sans àªtre menacé par les différents centres du pouvoir, devrait se dire le Premier ministre turc sortant. En deux mandats, Recep Tayyip Erdogan a fait beaucoup de chemin et repoussé les limites du pouvoir que son parti, l'AKP, (Parti de la justice et du développement) détient depuis 2002, mais que lui-même, interdit d'élection en 2001, ne pouvait exercer qu'en 2003. A-t-il bénéficié d'un concours de circonstances qui lui a permis de ton et d'action au point de rogner sur les attributions de l'institution militaire constitutionnellement garante de la laïcité de la Turquie ' Ou tout simplement plus de chance que ses prédécesseurs de la tendance islamique qu'il est pourtant difficile de qualifier d'audacieux, sauf peut-être dans la conclusion d'un accord stratégique avec Israël ' A vrai dire, M. Erdogan n'a même pas besoin de rêver d'un troisième mandat, celui-ci ne faisant pas l'ombre d'un doute. Sauf peut-être sur un point, celui de la participation. Malgré la discipline qui le caractérise, l'électorat peut, en effet, ne pas se déplacer en masse. Trop d'élections depuis 2002, et cette fois aussi c'est la chronique d'une victoire annoncée. L'on craint déjà une tentation hégémonique, d'autant plus que le seuil de représentativité de 10%, fixé par la loi électorale turque, risque encore une fois de réduire encore plus la représentation au Parlement.
Ce ne sera pourtant pas une victoire de trop, car M. Erdogan en a fortement besoin pour lancer son principal chantier, celui de la réforme de la Constitution, demandée en réalité par tous les partis, afin de remplacer celle de 1980, héritée des militaires, et clore définitivement l'ère des coups d'Etat. La réduction des prérogatives de l'armée et la réforme du pouvoir judiciaire vont tous dans le sens d'un renforcement de l'Exécutif. Comme le voudrait M. Erdogan, qui a plusieurs fois annoncé son intention de réformer le régime dans un sens présidentiel '
La répartition des 550 sièges sera cruciale : l'AKP cherche à  en obtenir au moins 30 pour pouvoir réviser, sans le soutien d'autres partis, la Constitution, héritée du coup d'Etat de 1980, et la soumettre à  référendum. Une «super-majorité» de 367 sièges lui permettrait d'adopter la nouvelle Loi fondamentale, qu'il veut plus libérale, sans passer par le référendum. Mission difficile, estiment la plupart des analystes qui relèvent, par contre, que M. Erdogan autrefois fer de lance des réformes démocratiques demandées par l'Union européenne dans le cadre d'un processus d'adhésion entamé en 2005, a manifesté une intolérance grandissante à  la critique et multiplié les attaques contre les médias. Des dizaines de journalistes et d'intellectuels sont en prison depuis quelques années dans le cadre d'enquêtes retentissantes sur de supposés complots, saluées d'abord comme une action attendue depuis longtemps pour réduire l'influence de l'armée turque, qui a fait quatre putschs en 50 ans. Mais depuis 2002, rappelle-t-on par ailleurs, «le revenu par habitant a triplé, et le nombre de voix de l'AKP a doublé». Des chiffres qu'il faille relativiser avec un taux d'emploi trop bas (44% de la population active), tandis que l'économie informelle occupe encore une trop large place.
Les soulèvements dans les pays arabes ont aussi révélé une des tares de cette économie, M. Erdogan ayant fondé l'essor des chantiers de construction turcs au Moyen-Orient sur une politique d'amitié avec ces pays. Que fera alors M. Erdogan d'une victoire dont personne ne doute '
 


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