Deux ans après la chute de Ben Ali, de nouveaux maîtres tentent de remplacer les anciens et la tentation d'être d'eux bien vu est d'autant plus grande qu'une période de pouvoir islamiste semble être, en Tunisie, un passage obligé. Mais d'autres forces résistent et ne sont pas près d'accepter que les dirigeants d'Ennahda prennent la place et les habitudes du dictateur déchu et de sa clique...
Deux ans bientôt depuis la chute de Ben Ali, de sa femme et de son clan... Et puis, quoi' Certains disent même pourquoi faire'
La déception est là, patente, désespérant la société tunisienne, apportant avec elle le constat auquel beaucoup pensent sans le dire clairement: n'était-ce pas mieux avant'
On le sait, les peuples sont versatiles. Ils oublient la peine et la douleur d'hier, dès lors que ce qu'ils vivent au quotidien leur paraît plus dur ou ne correspondant pas à ce qu'ils espéraient. Alors oui, il faut le dire et le répéter. Non, ce n'était pas mieux avant!
Les lendemains de la révolution
La Tunisie de Ben Ali, terre de peurs, de délations et d'affairisme déprédateur, fonçait droit dans le mur. Quelques années supplémentaires de règne et ce pays aurait connu un tout autre scénario. Plus terrible, plus sanglant. Le problème, c'est que les révolutions se jaugent trop souvent à l'aune de ses lendemains.
On connaît l'anecdote: au diplomate français qui lui demandait s'il pensait que la révolution française avait changé le cours de l'Histoire mondiale, le leader chinois Zhou Enlai aurait répondu qu'il était «encore trop tôt pour le dire».
C'est certain, le temps des événements historiques et celui des humains n'est pas le même. Mais, allez expliquer cela à celui ou celle dont la vie n'a pas changé. A celui ou celle dont les enfants, qu'ils soient diplômés ou non, sont toujours au chômage. Allez dire à celle qui commence à être importunée parce qu'elle ne porte pas le voile qu'elle vit les inévitables turbulences que provoque la chute d'une dictature.
Allez dire à ce couple poursuivi pour un baiser en public que tout cela finira bien par passer...
Une société civile en ébullition
La Tunisie est partagée, traversée par des sentiments contradictoires comme le relève si bien l'universitaire Kmar Bendana dans un texte récent.
Appréhension, colère, indignation mais aussi tentations de faire ami-ami avec ceux qui se comportent déjà comme les nouveaux maîtres de la Tunisie, renaissance à peine masquée des mafieux d'hier qui s'associent déjà avec les mafieux de demain...
Est-ce que tout cela aurait pu être évité' Pas sûr. Toujours est-il que la Tunisie découvre qu'elle a une société civile, certes à peine naissante, mais, dynamique, déterminée, qui se bat, pied à pied.
Combats syndicaux, journalistes, ouvriers, étudiants et simples citoyens en lutte. Ce serait mentir et obscurcir à dessein le tableau que de dire que tout cela n'existe pas. On en parle peu, c'est tout. Les médias locaux un peu plus que leurs homologues occidentaux, si influents mais ô combien paresseux.
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Posté Le : 10/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Akram Belkaid Slate Afrique
Source : www.maghrebemergent.info