Algérie

La Tunisie forge le consensus et met le cap sur la modernité politique



La Tunisie forge le consensus et met le cap sur la modernité politique
Pour sa troisième commémoration, l'anniversaire de la révolution en Tunisie s'accompagne de l'adoption en cours de la nouvelle Constitution.Tunis.De notre correspondant L'Assemblée nationale constituante (ANC) en est déjà à près des deux tiers des 146 articles du projet. La Tunisie n'aura, certes, pas sa Constitution pour cette commémoration de la révolution. Mais les grandes lignes du projet sont là et l'ANC est sur la bonne voie pour la finaliser sous peu. Comment se présente la Constitution de la 2e République en Tunisie ' Appréhendé par les observateurs et les politiques, le projet de la nouvelle Constitution en Tunisie est en passe de créer une surprise agréable, aussi bien chez l'opinion publique locale qu'internationale. Ainsi, la crainte pour une éventuelle atteinte au statut de la femme, considéré longtemps comme la fierté de la société tunisienne par rapport à ses compères arabo-musulmans, vient de disparaître suite à l'adoption, jeudi dernier, de l'article 45 de la nouvelle Constitution, qui parle d'encouragement de l'Etat à la parité entre l'homme et la femme dans toutes les institutions élues.Un article 45 visionnairePour la députée d'Ettakattol, Lobna Jeribi, l'article 45 est «un texte visionnaire comme l'a été le code du statut personnel en son temps, en 1956». Il a traîté de quatre dimensions de la condition féminine. Ainsi, pour ce qui est des acquis et à l'opposé de la formulation initiale statique «l'Etat garantit la protection des droits de la femme et soutient ses acquis», la nouvelle formule proposée est plus agressive : «L'Etat garantit les droits acquis des femmes et ?uvre à les soutenir et à les développer.» Concernant l'égalité des chances, la fomule initiale disait : «L'Etat garantit l'égalité des chances entre la femme et l'homme pour assumer les différentes responsabilités», alors que la nouvelle formulation, plus explicite, dit : «L'Etat garantit l'égalité des chances entre la femme et l'homme pour assumer les différentes responsabilités dans tous les domaines.»Toutefois, la question de la parité reste la notion la plus audacieuse introduite dans le texte dans la commission de consensus, suscitant des réactions de refus de la part d'une bonne partie des élus(es)d'Ennahdha. Le paragraphe introduit dit en effet : «L'Etat veille à mettre en ?uvre la parité entre l'homme et la femme au sein des Assemblées élues.» C'est ce paragraphe qui a fait perdre à Ennahdha sa légendaire discipline puisque seuls 46 députés islamistes sur 89 ont voté pour le texte, alors que 23 s'y sont opposés. Malgré ces voix discordantes, les islamistes tiennent à véhiculer un message traduisant leur complète adhésion aux valeurs démocratiques et égalitaires, en cherchant à se démarquer du mauvais exemple égyptien.Constitution démocratiqueLes valeurs démocratiques du nouveau projet, issu d'un consensus entre la troïka gouvernante et les partis de l'opposition, ne se limitent pas aux acquis de la femme. Il y a également la civilité de l'Etat et la liberté de conscience. Retenant à souhait la leçon égyptienne, les islamistes d'Ennahdha se sont pliés à la plupart des exigences des experts constitutionnalistes modernistes (Yadh Ben Achour, Farhat Horchani, Ghazi Gheraïri, etc.), à tel point que le député nahdhaoui, Néjib Mrad, a déclaré lors de la séance du 11 janvier 2014 : «Il est vraiment dommage que l'ANC vote une Constitution étrangère aux travaux durant 18 mois de ses commissions constitutionnelles.»Hormis quelques remarques éparses, comme celle du professeur Yadh Ben Achour qui a trait à l'article 38 de la Constitution, un article qui constitue «un danger pour l'éducation, la culture et la scolarité pour les générations futures, parce qu'il ne fait aucun rapport avec la technologie, la science et les langues étrangères», selon l'expert qui appelle à «pallier ces défaillances dans d'autres articles pour concrétiser l'ouverture des Tunisiens sur autrui et sur le monde». Hormis cet article, «le projet de la Constitution tunisienne est acceptable», selon le président de l'association tunisienne de droit constitutionnel, le professeur Farhat Horchani. Malgré le fait que la Tunisie soit en voie d'être dotée d'une nouvelle Constitution démocratique et d'un gouvernement indépendant, la réussite de la transition n'est pas pour autant acquise. Les principaux objectifs de la révolution, notamment la lutte contre le chômage et la pauvreté, ne sont pas encore en voie d'exécution. Le chemin est encore long, mais il faut faire renaître l'espoir.




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