Algérie

La Tunisie et les solutions du FMI



Malgré l'annonce récente d'un accord avec le FMI qui va allouer 1,9 milliard de dollars à la Tunisie, le moral est toujours en berne au pays voisin. Et pour cause, les conditions drastiques du FMI demeurent, pour l'instant, opaques tandis que la Banque centrale de Tunisie vient, dans son tout dernier rapport, d'alerter sur les avoirs en devises qui sont dans le rouge. Ils correspondent, affirme la BCT, à 104 jours d'importations contre 124 pour la même période en 2021, soit une régression significative. Les experts ont une explication et justifient cette baisse par la chute du dinar tunisien face au dollar, d'une part, et au déficit sans cesse aggravé de la balance économique, d'autre part. En témoigne la flambée des prix qui n'a pas cessé au cours des huit mois écoulés, malgré une nette reprise des gains rapportés par le secteur touristique. Face aux commentaires et analyses diverses, pour la plupart alimentés par des sources proches du FMI, les autorités tunisiennes sont dans le mutisme le plus strict. Il faut dire que la rue gronde de plus en plus et les manifestations qui ont pris de l'ampleur, ces dernières semaines, tournent certes autour des enjeux des législatives de décembre prochain mais la question principale, lancinante même, concerne la forte dégradation du pouvoir d'achat dans les villes comme dans les campagnes. Ces dernières qui sont tributaires de l'agriculture vivrière ont subi de plein fouet les conséquences du surenchérissement des prix des phosphates et autres produits provenant de la Russie et de l'Ukraine, ou des marchés pétroliers, notamment.On sait que, dans ces conditions particulières, le décaissement du FMI peut paraître un pis-aller mais encore faut-il qu'il intervienne. Or, ce ne sera le cas que fin décembre, une fois que son conseil d'administration aura donné le quitus. D'ici là, le gouvernement tunisien doit non seulement faire contre mauvaise fortune bon coeur mais il lui faut aussi fournir des preuves concrètes de son aptitude à mettre en oeuvre les réformes exigées, telles un dégraissage de la fonction publique, la fin du soutien des prix des produits de base et quelques autres «recommandations», tout aussi inflammables. Les Tunisiens le savent et le redoutent et l'UGTT s'efforce de calmer les tensions en se montrant intransigeante sur un certain nombre de paramètres. Un vrai parcours du combattant dans la mesure où la somme promise par le FMI ne sera allouée qu'en 8 tranches, chacune d'elle étant conditionnée par la mise en oeuvre d'une partie des engagements pris au terme de longues et harassantes négociations entre les émissaires du gouvernement tunisien et le bailleur de fonds. En outre, les législatives anticipées que le président Kaïs Saïed a convoquées en décembre prochain peuvent surprendre, même si le FMI n'a pas pour habitude de se mêler, en théorie, de la cuisine politique de ses partenaires.


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