"la troisième dose DE VACCINATION est utile"

Liberté : Près de dix mois après le lancement de la campagne de vaccination contre la Covid-19, à peine 23,32% de la population ont reçu deux doses, tandis que 31,32% n'en ont reçu qu'une seule. Pourquoi les Algériens boudent-ils le vaccin 'Pr Bekkat Berkani : Nous n'avons pas inventé les campagnes de vaccination. Il aurait été plus judicieux et logique pour notre pays d'aller voir ce qu'il se passe ailleurs dans le monde, où notamment la pandémie de Covid-19 a frappé fort. Certains pays, dit démocratiques et très à cheval sur la question de la liberté, ont fait appliquer des lois de contrainte pour vacciner le plus grand nombre de personnes possible.
Pourquoi ' Pour la simple raison qu'il s'est agi d'une entreprise de santé publique. Je veux dire par là que la liberté de l'individu s'efface devant l'urgence sanitaire, bien évidemment au profit de la collectivité. Chez nous, si l'Etat a fourni beaucoup d'efforts pour l'acquisition des vaccins anti-Covid, et réussi par la suite à les produire dans notre pays, il (l'Etat) n'a, en revanche, pas réussi à convaincre la population de se faire vacciner, ou encore à rendre ce vaccin obligatoire dans certains segments de la population, comme celle activant dans le secteur de la santé ou de l'éducation.
Je veux dire, au final, que l'Etat a péché par son manque d'audace, et là, je fais allusion aux campagnes de vaccination qui n'étaient pas du tout agressives, pas à la hauteur de l'urgence sanitaire. Le résultat est, par conséquent, là éloquent : les Algériens refusent de se faire vacciner.
Et ce n'est pas en placardant quelques affiches, ici et là, ou en dressant des tentes mobiles de sensibilisation qu'on peut convaincre la population. Il aurait pourtant suffi d'aller voir, comme je l'ai dit, dans d'autres pays comment les Etats ont contraint leur population à accepter le vaccin, avec un bombardement médiatique incessant, la mobilisation de tout le corps de la santé dans cette sensibilisation d'envergure, en plus de promulgation de lois sanitaires.
On aurait pu, par exemple, imposer des contraintes administratives pour le personnel de la santé, de l'éducation ou encore des corps constitués. On ne l'a pas fait, le résultat est donc là.
Comment expliquer que beaucoup de personnes ne font pas également le rappel vaccinal, se limitant uniquement à la première dose '
Les Algériens suivent assidûment la météo épidémique. Tout le monde est au courant des chiffres de contamination balancés chaque soir par les médias. La décrue actuelle - moins de 100 cas de contamination en 24 heures - fait que la majorité pense que l'épidémie de la Covid-19 n'est qu'un mauvais souvenir.
À l'évidence, l'Etat a encore failli sur ce plan en ne communiquant pas assez et surtout pas de manière agressive pour convaincre la population du danger. Autre facteur, et pas des moindres, les fake-news amplifiées par les réseaux sociaux, présentant le vaccin comme inefficace, ou pire, en lui attribuant prétendument des dangers pour la santé.
La troisième dose est-elle aujourd'hui nécessaire, notamment pour les personnes vulnérables, comme l'a laissé entendre le ministre de la Santé '
Pour ce qui est de la troisième dose, il faut rappeler encore ici que l'immunité acquise après les deux premières doses ne dure pas éternellement. La science n'a pas encore percé tous les secrets de ce virus. Nous savons, en revanche, que les vaccins disponibles aujourd'hui nous protègent sur une période ne dépassant pas réellement six mois. Bien sûr que la troisième dose est utile, notamment pour les personnes vulnérables.
L'épidémie de Covid-19 sera-t-elle encore là pendant longtemps '
Encore une fois, à l'heure où nous parlons, la science n'a pas encore percé tous les secrets de ce virus. Il est utile de rappeler à l'occasion que la décrue des cas de contamination constatée dans notre pays, depuis quelques jours, ne devrait pas nous faire oublier que le virus de la Covid rôde toujours. L'épidémie est encore là, visible et a tendance même à remonter dans certains pays. Avec l'hiver, il ne fait aucun doute que les cas de contamination repartiront à la hausse.

Propos recueillis : Karim BENAMAR