Le paradoxe intenable de la représentation «unique»La tripartite se
tiendra, encore une fois, avec une représentation patronale «plurielle» et une
représentation syndicale «unique» par le biais de l'UGTA.
C'est un immense paradoxe alors que l'Algérie a connu ces dernières
semaines - et connaît toujours - un puissant mouvement de grève des enseignants
dans l'éducation nationale et l'enseignement supérieur. La centrale syndicale
que le gouvernement a instituée comme interlocuteur unique a brillé par son
absence durant ce conflit social, elle n'a même pas essayé de jouer le rôle de
pompier. Comme si l'UGTA reconnaissait, par le profil bas adopté, que les
syndicats « concurrents » l'ont définitivement supplantée dans les différents
secteurs de l'enseignement. Le gouvernement lui-même, contrairement à son
habitude, en cédant sur certaines revendications formulées par les syndicats
reconnaît implicitement qu'ils ont bien acquis droit de cité. Il lui reste à le
traduire en acte. Les tripartites qui sont devenues une rencontre purement
formelle ne peuvent en aucun acquérir un début de crédibilité sans la
participation et la reconnaissance des absents. Pendant des années, on a pu
largement constater que l'ostracisme dont ils continuent de faire l'objet était
contre-productif et que le gouvernement qui admet déjà la multiplicité de la
représentation patronale devrait l'admettre également pour les syndicats
autonomes. Les dernières semaines de grève du corps enseignant ont apporté la
démonstration éclatante qu'on ne pouvait plus ignorer l'existence des
organisations syndicales autonomes.
En décidant de geler les
dispositions règlementaires qui octroient de manière exorbitante le monopole de
la gestion des oeuvres sociales à l'UGTA, le gouvernement a fait un petit pas
dans cette direction. Il restera à mettre fin totalement à une aberration
juridique ou plutôt à un anachronisme, la gestion des oeuvres sociales par la
seule UGTA étant un héritage du système de parti unique. La situation devenait
intenable à mesure que les syndicats autonomes prenaient du poids au détriment
d'une UGTA empêtrée dans des logiques politiques qui ont largement altéré sa
vocation syndicale.
Au fond, cette « préférence »
accordée par le pouvoir à l'UGTA aura en définitive largement servi à
l'affaiblir au profit des syndicats autonomes. Le fait que ces derniers aient
pu prospérer malgré les barrages et les « répressions judiciaires » en dit long
sur l'effet contraire des « privilèges » accordés à l'UGTA. Plus
fondamentalement, ces grands absents de la concertation qui occupent si
fortement le terrain, devraient être conviés à la tripartite. Ils conféreraient
à cette rencontre sans aucun doute une crédibilité et une légitimité qu'elle
n'a pas. Il reste seulement au gouvernement à reconnaître que les tripartites
sont des lieux de négociations. Et que si la présence des autonomes ne sera pas
de tout repos pour lui, le dialogue social y gagnera énormément.
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Posté Le : 30/11/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com