Algérie - A la une


Une commune, c'est toujours petit, même s'il arrive que ce soit grand. Peu importe la population, peu importe la superficie et le «taux d'occupation du sol». Une municipalité, comme on dit pour montrer comment on dit ailleurs ou pour éviter la répétition, c'est petit parce que tout le monde connaît tout le monde.
Enfin tout le monde connaît tout le monde... qui compte ! Et ce sont généralement les mêmes qui «comptent» dans une élection. C'est peut-être dépassé, mais le réflexe est tenace.
Alors à chaque élection, on va les chercher, ces gens qui comptent ! Plutôt les trouver, puisqu'ils sont toujours à portée de main ! Dans les communes urbaines, ils sont l'ancrage et la moralité mythiques des quartiers. La sociologie les a souvent laissés sur le carreau mais ils ont la réputation solide. Autrefois, ils avaient le savoir, la piété, la bravoure ou la richesse, il arrivait même qu'ils aient tout ça.
Aujourd'hui, on ne sait plus. La ville a grandi, les quartiers ont éclaté, les excroissances se sont multipliées et les verrues ont ampoulé. Les gens qui «comptent» ont disparu ou changé d'oripeaux. Ils sont les nouveaux riches ou les anciens pauvres. Ils sont «introduits» ou y travaillent avec acharnement, toujours crédités d'une popularité factice ou d'un mérite qui ne s'est jamais vérifié.
Les partis vont les chercher par cupidité ou par acquis de conscience. Comme candidats, d'abord, ils font valoir leur ancrage ou leurs capacités de nuisance. Comme potentiel électoral, ils mettent en avant pouvoir de mobilisation ou leur pouvoir tout court. Comme source de financement, ils savent dépenser sans compter ou aller chercher l'oseille là où il se trouve. Comme «autorité morale», ils récitent des rengaines désuètes et des anachronismes mortels. Mais ils seront encore là. Et ça marche encore.
Ils seront élus ou crieront à l'injustice. On leur a bien dit qu'ils étaient incontournables. Dans les zones rurales, les communes sont souvent plus grandes mais toujours aussi petites, mais tout le monde connaît tout le monde, comme dans les villes désormais ruralisées. La tribu.
Il faut confier la «tête de liste» à quelqu'un qui soit du plus grand village. L'arme fatale. Le reste est un jeu d'enfants. Des candidats faire-valoir pour remplir la feuille et accessoirement les urnes. Les méchouis-conciliabules précèdent les «propositions» et les couscous-apothéoses scellent les pêches miraculeuses. On tient son gros poisson dans une source tarie ou son oiseau rare sur le sentier d'une mechta oubliée des dieux. Ce n'est pas important, ils peuvent venir de loin. L'ancrage est toujours mythique, la réputation virtuelle.
Ils ont aussi l'argent et les relais dans la régence, d'où ils viennent parfois, juste le temps d'une mandature à cueillir sur un plateau d'argent, de monts et de vaux. Ils ont le blé mais se foutent de l'orge et n'inspirent que l'avoine. Ils seront maires, sous-maires ou conseillers municipaux, comme on disait avant. Elus comme avant. Ils n'ont pas grandi, les villages et les quartiers si.


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