Algérie

La transparence, un frein à la modernisation



Difficile de passer le cap de la transformation digitale des institutions et des entreprises. Et pour cause, les conditions nécessaires à cette mutation, porteuse pourtant d'efficacité, de modernisation et de croissance, ne sont pas réunies. A commencer par la transparence.Les participants à la deuxième édition des Digital Business Days, organisée à la mi-mars à Alger par N'tic Magazine convergent à ce sujet, même s'ils divergent sur certains points liés notamment au progrès menés jusque-là dans ce cadre, surtout en ce qui concerne l'innovation.
L'accent a en effet été mis sur la nécessité de l'évolution du rôle des directions informatiques, de celui de simple support à l'entreprise et ses business units, à un rôle de contributeur aux résultats opérationnels transformateurs. Ce n'est pas encore le cas justement au sein de nos entreprises.
Le baromètre de la maturité digitale des entreprises africaines, résultat d'une étude du cabinet Deloitte réalisée dans 7 pays du continent dont l'Algérie, le montre clairement. Avec un score de 2,32, qui est bien au-dessous de la moyenne (2,5), et ce, essentiellement faute de moyens, selon les experts du cabinet. «Les budgets sont limités notamment en cette période de crise», expliquera Mme Hidayette Maâzouz, qui ajoutera : «Le retard dans le déploiement du e-commerce est également à l'origine des résultats enregistrés dans ce domaine.»
Toutefois, la tendance pourrait changer à la lumière de l'intérêt affiché pour ce virage numérique. «Le fait que le digital soit considéré comme un levier de croissance important peut changer les choses dans le bon sens», prévoit-elle.
En effet, pour notre experte, cette transformation permet d'améliorer la qualité de l'information de manière à assurer une meilleure prise de décision et, par ricochet, l'efficacité opérationnelle. Or, déplore Slim Othmani, président du conseil d'administration de NCA Rouiba, la logique de peur de l'information persiste. Autrement dit, il y a une réticence vis-à-vis de la transparence. «On est encore en phase de transformation. Cette transparence gêne tous les acteurs : les chefs d'entreprise et leurs partenaires, car elle met à nu leurs incompétences.
L'environnement des affaires a fait que la transformation digitale se fait lentement», précisera-t-il, donnant l'exemple du ministère des Finances, qui accuse un énorme retard, selon lui, dans la modernisation et la digitalisation de son système. «C'est un grand point d'interrogation.
Pourquoi sommes-nous en retard dans ce secteur '», s'interrogera-t-il. «La transformation digitale doit se faire par le haut d'abord et pas seulement par les entreprises», préconisera-t-il. Pour Slim Othmani, gagner la bataille de l'économe numérique nécessite des exemples de réussite. Certes, le potentiel est là, mais il faudrait, à son avis, qu'il y ait un leader qui franchisse le pas pour être suivi par d'autres acteurs économiques. Mais aussi institutionnels.
Cela pour dire qu'il ne suffit pas d'avoir des outils destinés à faciliter les processus opérationnels quotidiens ou adopter des solutions plus avancées permettant de réaliser des analyses plus détaillées du marché, mais faudrait-il s'engager en travaillant dans la transparence d'abord.
Pour sa part, Hakim Soufi, P-DG de Macir Vie, estime que les choses se font même si la manière est lente. Il dira d'ailleurs que beaucoup de progrès ont été faits. Il donnera comme exemples, la carte d'identité et le passeport biométriques. Mais le chemin reste encore long à suivre. «Pour arriver à la digitalisation du pays, il faut suivre des étapes, à savoir créer une identité numérique, avoir des infrastructures, construire un écosystème. Le changement est en cours, mais le chemin reste long et difficile», reconnaîtra-t-il.
Globalement, experts et chefs d'entreprise insistent sur la valorisation de l'innovation pour réussir la révolution numérique de l'économie, notamment dans ce contexte d'évolution des nouvelles technologies auquel devrait s'adapter l'Algérie. Karim Bibi Triki d' Intel Corporation parlera même de la nécessité de passer à cette nouvelle forme d'économie à travers un écosystème de plusieurs secteurs, où la dimension du développement durable et d'environnement est à prendre en considération pour profiter pleinement des opportunités qu'offre le digital.


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