Algérie

La tour de Pise


La tour de Pise
Dans un entretien à la chaîne de TV privée Chourouk News diffusé samedi, le général-major à la retraite et ancien ministre de la Défense nationale, Khaled Nezzar, a qualifié le pouvoir politique algérien depuis l'indépendance de «bancal».C'est, a-t-il témoigné, un amalgame «de régionalisme, de népotisme, de groupes d'influence divers, de sensibilités». Autrement dit, un régime fondé sur des compromis douteux qui ont inspiré au général Nezzar cette parabole qui l'amène à comparer le pouvoir algérien à la «tour de Pise». «Il fallait toujours une cale pour maintenir le régime debout» a-t-il commenté.Cette cale qui a permis au système de survivre aux luttes du sérail et aux ambitions de ses hommes est matérialisée par les équilibres qu'il fallait constamment veiller à trouver et à assurer à travers le partage du pouvoir, la distribution des postes et de la rente qui s'y rattachent.Le témoignage de Khaled Nezzar sur les réalités du pouvoir en Algérie est pertinent en ce qu'il émane d'un acteur-clé qui en a fait partie et dont il a vécu, de l'intérieur, les turpitudes et les tiraillements de par les responsabilités importantes qu'il a eu à exercer au sein de l'institution militaire en sa qualité de ministre de la Défense nationale dans une conjoncture politique particulière, durant la décennie noire où l'armée a été propulsée au devant de la scène nationale.C'est la première fois qu'un responsable de haut rang se livre ainsi, avec une telle liberté de ton, à un sévère réquisitoire sur le système de gouvernance en Algérie en mettant à nu les faux consensus et les discours politiques démagogiques dont on a abreuvé le peuple algérien pendant des années sur «l'unité de pensée et d'action» de ses dirigeants, sur la «famille révolutionnaire» qui veille sur l'Algérie.En faisant cette déclaration, le général à la retraite qui dit «assumer avec fierté et responsabilité devant l'histoire» l'interruption du processus électoral de janvier 1992, comme il aime à le répèter inlassablement, n'a trahi aucun secret tant il est de notoriété publique que le pouvoir, en Algérie, a toujours été accaparé par des voies illégitimes qui n'ont rien à voir avec les critères de compétence, de mérite et de suffrage populaire.Tout cela, on le sait. Mais le fait de le proclamer aujourd'hui, publiquement, et de le faire relayer par une personnalité qui a fréquenté les allées du pouvoir ne fait qu'ajouter de l'eau au moulin de l'opposition, qui appelle avec insistance et détermination à la rupture avec le système en place. C'est une réponse cinglante opposée aux hommes et aux partis au pouvoir qui prétendent, aujourd'hui encore, gouverner le pays au nom de la volonté populaire. Avec des majorités électorales préfabriquées.Il faut espérer que ce timide exercice de vérité tardif mais salutaire ? même s'il n'est pas dénué d'arrière-pensée politique ? qui s'invite dans le débat politique sur l'autopsie du système à travers un regard introspectif de l'intérieur du pouvoir libère la parole des forces patriotiques du pouvoir. Cela permettra d'accélérer le processus de disqualification du système de gouvernance en place et de lui substituer de nouvelles pratiques politiques, une transition démocratique où le peuple sera véritablement l'unique source du pouvoir.


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