Algérie

La torture aux aveux de Charles Silvestre, Histoire - Éditions Au Diable Vauvert, Paris, 2004



La torture aux aveux de Charles Silvestre, Histoire - Éditions Au Diable Vauvert, Paris, 2004
Présentation

La France a torturé en Algérie. La " torture française " était déjà dénoncée comme un système appliqué sous l'autorité de plusieurs gouvernements : elle est aujourd'hui avouée par des généraux eux-mêmes. Elle a fait école jusqu'en Amérique latine. Ce crime d'État, n'est pourtant toujours pas officiellement reconnu. Qui ne condamne pas le forfait autorise son retour !
En octobre 2000, dans L'Humanité et sur France-Inter, douze témoins, Henri Alleg, Josette Audin, Simone de Bollardière, Nicole Dreyfus, Noël Favrelière, Gisèle Halimi, Alban Liechti, Madeleine Rebérioux, Laurent Schwartz, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet, appellent l'État français à faire la vérité, toute la vérité et à répondre enfin de ses actes.
Au fil d'entretiens accordés à L'Humanité, rassemblés et préfacés ici par Charles Silvestre pour le cinquantième anniversaire de l'insurrection algérienne, ils racontent, expliquent et dévoilent les non-dits de la mémoire nationale. Un document inédit, indispensable à la connaissance de ce " mal absolu " toujours d'actualité.

Table des matières

Le travail de vérité
L'Appel des Douze
Les Douze s'expliquent
Les aveux des généraux
Les Français et la torture en Algérie
La réponse du gouvernement
Les Douze persistent et signent
Des candidats à l'élection présidentielle répondent
Irak : ils relancent leur appel
« Non, Monsieur, on ne lui a rien fait »
La torture aux aveux est le titre d’un ouvrage de Charles Silvestre, publié aux éditions Au Diable Vauvert, à paraître le 26 octobre, en librairie le 5 novembre. Cet ouvrage comprend les documents essentiels ayant trait à l’Appel des Douze lancé, en France, le 31 octobre 2000, dans l’Humanité et sur France-Inter.

Voici un extrait de la préface de ce livre :

Torture, mal absolu, tache indélébile sur le corps d’un pays, la France, qui se dit fière de son histoire. Cette « torture française » qui a fait école sur plusieurs continents, toutes les preuves en ont été établies, n’est toujours pas officiellement reconnue et condamnée. C’était déjà insupportable du temps de la Guerre d’Algérie, le temps de La Question d’Henri Alleg, de L’affaire Audin et de La Torture dans la république de Pierre Vidal Naquet, de l’indignation publique d’un général de parachutistes, Jacques Paris de Bollardière, compagnon de la Libération, condamné à deux mois de forteresse pour s’être élevé, en 1957, contre le déshonneur atteignant son propre pays.
Il y a quatre ans tout juste, cette histoire s’est réveillée et elle a fait un tel barouf que ne pas condamner la torture, aujourd’hui, semble encore pire que ce n’était le cas hier. Hier, elle était mise en accusation par des témoins, des militants, des historiens. Aujourd’hui, deux Français sur trois, selon des sondages concordants, CSA L’Humanité et BVA Le Monde , publiés fin novembre 2000, demandent aux autorités de la République de reconnaître ce qui avait été commis en son nom. Le refus du président de la République et du Premier ministre de prononcer une bonne fois pour toutes cette condamnation n’atteint pas seulement Alleg, Vidal Naquet, Bollardière et tous ceux qui s’emploient inlassablement à exiger la vérité.
Il atteint, désormais cette France que l’on dit profonde sauf quand, sur un pareil sujet, on évite de creuser pour ne pas la rencontrer.

L’année 2000 restera comme l’année d’un tournant de la mémoire de la Guerre d’Algérie : rien de franchement nouveau qu’on ne pouvait savoir déjà, mais une reconnaissance de la torture par ses pratiquants, par des responsables qu’on n’attendait plus.

Et, plus encore, une extrême sensibilité à ce sujet va se manifester dans les nouvelles générations de l’après-guerre (l’Algérie est indépendante en juillet 1962) qui font basculer une opinion partagée vers une opinion plus tranchée. Petit essai de chronologie : le 20 juin 2000, dans le journal Le Monde, une Algérienne, Louisette Ighilahriz, se confie à Florence Beaugé et accuse nommément les chefs parachutistes de l’avoir fait torturer à Alger en 1957, du 28 septembre au 26 décembre « presque tous les jours ».
Deux jours plus tard, le 22 juin, dans le même journal, le général Bigeard qualifie ces accusations de « tissu de mensonges », mais le général Massu valide en partie ce récit et avoue ses « regrets ». Ainsi est né ce que les médias ont nommé « l’appel des Douze ». Il s’est en effet trouvé douze personnes pour ratifier, ensemble, un texte demandant au président de la République et au Premier ministre de condamner la torture pendant la guerre d’Algérie. Ce n’est pas le nombre de signataires qui a compté, mais leur qualité.
Six femmes, six hommes, tous à l’époque au premier plan du refus de l’innommable : Alleg, le communiste, indomptable ; Germaine Tillion, admirable figure de l’humanisme ; Josette Audin, le nom même de la douleur, compagne du jeune mathématicien assassiné en juin 1957 par ses tortionnaires ; Simone de Bollardière qui, au tribunal, fixe un général dans les yeux et lui lance : « Dites enfin comment est mort Maurice Audin ! » ; Nicole Dreyfus et Gisèle Halimi, jeunes avocates tenant tête à Alger à des tribunaux militaires qui avaient la guillotine facile pour les Algériens ; Alban Liechti, quatre ans de prison pour refus de porter les armes contre un peuple « qui ne lui avait rien fait » ; Noël Favrelière, le déserteur à l’aube qui sauve son prisonnier promis au pire ; Madeleine Rebérioux et Pierre Vidal-Naquet, historiens accomplis et artisans inlassables du Comité Audin ; Jean-Pierre Vernant, figure de la Résistance ; Laurent Schwartz, décédé depuis, mathématicien, professeur révoqué de l’école polytechnique pour avoir refusé le mensonge, où l’honneur fait homme.
Charles Silvestre, journaliste à l’Humanité est à l’origine de l’Appel des douze grands témoins pour la reconnaissance et la condamnation de la pratique de la torture en Algérie, lancé à l’adresse du président de la République et de l’opinion publique français le 31 octobre 2000.


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