Algérie

LA TONTE DES PEUPLES



En Algérie, des revendeurs de moutons, qui connaissent bien les «règles» du marché en économie derente, ont décidé que les primes et les rappels perçus par les fonctionnaires doivent apparaître dans les prix. Ils sont gentils nos maquignons et intermédiaires, ils aiment voir les «hausses» de salaires et les signes de «prospérité» clairement affichés dans nos moutons sacrificiels.
Encore une fois, la seule règle et Allah le permet à tout un chacun, au nom de la prohibition du gaspillage et de l'impératif de ne pas faire le niais est de s'abstenir d'acheter. Ne pas faire le mouton. Mais, bien sûr, les choses étant relatives, les ménages algériens peuvent se consoler en se disant qu'ils sont mieux lotis que les Grecs !
Les pauvres, ceux-ci ne se contentent pas d'être tondus comme des moutons ! Le Premier ministre grec, Papandréou, a voulu faire jouer la démocratie en consultant son peuple sur le programme d'austérité conditionnant l'aide européenne à la réduction de la dette du pays. Il est obligé de battre en retraite en rase campagne sous les pressions violentes - le mot n'est pas exagéré - exercées par l'Allemagne et la France. Convoqué à Cannes comme un fonctionnaire subalterne, le Premier ministre Georges Papandréou a dû manger son chapeau et amorcer un recul désordonné sur sa décision «démocratique».
Hier, c'est le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos, qui a officialisé le recul en téléphonant à Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, à Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, et à Wolfgang Schaüble, le ministre allemand des Finances. Papandréou est pratiquement «out», la Grèce plie. Les patrons de l'Euro-zone n'y étaient pas allés de main morte. La presse française s'est déchaînée en délivrant des leçons de loyauté et de morale politique. Des leçons qui auraient prêté à sourire si la médication imposée au peuple grec n'était pas aussi lourde et désespérante. La presse allemande, elle, a franchi le Rubicon en n'hésitant pas à verser dans l'injure à connotation raciste sur les «pigs» (porcs en anglais) grecs, «fainéants» et «profiteurs», indignes de bénéficier de la générosité germanique. Le Premier ministre grec est «fini» car il a osé affoler les «marchés», cette entité à la nature phantasmatique qui est devenue le souci primordial des politiques.
L'affaire grecque illustre parfaitement une situation inquiétante où le pouvoir n'est plus entre les mains des citoyens-électeurs mais entre ceux, totalement sans responsabilité, des acteurs du marché financier. Personne d'ailleurs ne s'interroge plus sur le rôle de ces marchés, même si, de manière récurrente, on fait mine de parler de régulation.
Dans le cas de la Grèce, tous les responsables européens font semblant d'oublier que son entrée dans l'Union européenne était notoirement entachée d'irrégularités. Personne en Europe dans les milieux «informés» n'ignorait que les chiffres fournis à l'époque par Athènes étaient peu fiables. Nul n'ignorait que les aides européennes à la Grèce étaient ouvertement détournées par une oligarchie conservatrice qui, aujourd'hui, se dédouane sans aucune pudeur sur le malheureux Papandréou.
Le G20, dont l'utilité est plus que jamais douteuse (car incapable de modifier le désordre des marchés et d'installer un minimum de règles du jeu), a été l'occasion d'un show médiatique où le mouton grec a été sacrifié sur l'autel de la rigueur.


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