Algérie

La tomate à 2 DA à El Tarf



Seulement 1200 ha sur les 4300 emblavés pour la tomate industrielle seront récoltés cette saison. Le tiers des prévisions, moins de 25% des 18 000 t attendues. Le reste est laissé sur place et les producteurs invitent les gens à aller se servir eux-mêmes dans les champs où la tomate est arrivée à maturité et sèche au soleil. Le prix de 3 DA imposé par les transformateurs aux producteurs ne couvre même plus les salaires des ramasseurs. Jamais la crise, qui affecte depuis plus d?une décennie la filière de la tomate industrielle, n?a atteint ce stade. Il faut craindre que la production de tomate, qui est arrivée à une époque à plus que couvrir les besoins nationaux en concentré, ne connaisse le même sort que la pomme de terre et les autres cultures industrielles. C?est-à-dire recourir à des importations massives, ce qui n?est pas fait pour déplaire aux affairistes de l?import-export, qui ont déjà leur tête de pont dans des pays comme la Chine, dont le produit inonde le marché national. Depuis quelques jours, un autre problème de taille oblige les conserveurs à baisser rideau : le manque d?emballage métallique. Deux conserveries - Hanafi et Sacca - ont fait savoir qu?elles n?étaient plus en mesure de réceptionner les prochaines livraisons dès aujourd?hui. Sur les sept conserveries que compte la wilaya, il n?y aura plus que deux - Carsci Bouteldja et Cegeco - pour réceptionner la tomate fraîche. Faux, disent les producteurs. « Ils ont fermé parce que simplement ils ont atteint les quantités qu?ils sont en mesure d?écouler face à la concurrence étrangère », explique Farid Zerniz, président de la filière socioprofessionnelle de la tomate industrielle. « C?est le retour de manivelle des agissements des conserveurs qui, pour échapper au fisc, ont fait de fausses déclarations. L?Etat a autorisé les importations sur la base d?une faible production de concentré de tomate virtuelle établie sur les déclarations des conserveurs. L?Etat doit aujourd?hui clairement se déterminer sur cette question. Si on ne veut plus de concentré de tomate de chez nous au profit de la main-d??uvre chinoise par la grâce du pétrole, qu?on nous le dise sans détour ! », ajoute Farid Zerniz. Pour expliquer la nécessité de l?intervention des pouvoirs publics comme régulateur, il rapporte le fait que lorsqu?il y a, quelques mois, la Tunisie manquait de pommes de terre et d?oignons, ce pays a permis de massives importations d?Algérie. Mais dès les premières récoltes d?oignons, les douaniers n?ont pas hésité un seul instant à barrer la route aux produits algériens malgré les accords et les contrats. « Le problème, souligne encore notre interlocuteur, c?est que c?est devenu plus compliqué car, quoi que fasse l?Etat, il y a aujourd?hui crise de confiance telle qu?il y a peu de chances que l?on trouve encore des agriculteurs pour se lancer dans la tomate. » Sur les marchés des fruits et légumes, à El Tarf, la tomate est à 2 DA le kg comme dans les années 1970. Elle fait le bonheur des consommateurs. Il faut en profiter et prendre des photos, car c?est probablement la dernière fois qu?on l?aura à ce prix.


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