Algérie

La théorie des ensembles qui vont ensemble



L'Occident s'ennuyait presque: entre la sortie de Paris Hilton de sa prison, le réchauffement planétaire, la perte d'audimat de la guerre contre l'Irak et le cas clinique de la victoire de Nicolas Sarkozy, il manquait l'essentiel, l'émotion, la relance de l'intrigue. Sans les cassettes vidéo de Ben Laden, entre la planète d'Allah et celle de Benoît XVI, il commençait à s'installer cette fatigue de fin de journée entre deux tranchés de soldats encastrés entre la boue et les souvenirs. Il manquait le coup de feu, l'explosion, une brusque peur, le cadavre de l'ami et de l'ennemi qui font redémarrer le coeur ou le sens du devoir ou le film. Il manquait la Menace, pas celle diffuse des politiciens et des régimes mais celle concrète que l'on peut filmer, craindre et commenter avec ses voisins. Du coup, cela arriva, en pleine saison morte, celle des pertes d'audimat et du ralentissement général de l'histoire de l'humanité : El Qaïda a frappé cet été, a voulu frappé, a presque frappé. Du coup aussi, l'Occident redémarre, s'emballe, retrouve sa mission de défense par l'attaque et de la sécurité à l'intérieur par l'intervention à l'extérieur. Des attentats contre la Grande-Bretagne ont eu lieu en Grande-Bretagne mais ne font des victimes qu'au Yémen sur la personne de touristes anglais qui s'y trouvaient.  Du coup les grandes questions : qui a frappé ? La même personne sous la forme de plusieurs personnes à la fois : un jeune musulman islamiste qui est né en Jordanie, en Irak et au Pakistan au même moment, qui a étudié chez les Talibans, en Algérie, au Maroc, au même moment, qui est brillant, issu d'une famille riche mais né dans une famille pauvre, que rien ne prédestinait au terrorisme mais que rien ne prédestinait au bonheur terrestre non plus. Un jeune homme qui est allé finir ses études, sa vie et sa mort en Grande-Bretagne dans le cadre d'un SMS explosif adressé à Bush, à Allah et aux médias.  Est-ce du djihad ? Oui, répondent les musulmans islamistes. « Oui », à chaud et « non », à froid, répondent les musulmans. « Jamais » répond l'Occident, celui humaniste ou celui marchand. Le propre du Djihad étant de répandre une religion, la question est donc quel est le résultat des attentats contre l'Occident par le biais d'attentats contre ses civils ? Réponse : les chrétiens en redeviennent plus chrétiens, ceux qui ne le sont pas s'y replient et ceux qui vivent la-bas en tant que musulmans vont s'en cacher. L'attentat ne répand pas l'Islam mais le restreint, le bloque, limite sa géographie et parasite son histoire et le réduit à une bombe au lieu de le hisser vers les hauteurs d'une solution d'âme. Il n'en reste rien qu'El Qaïda, l'Occident et les médias.  Dernière question : où commence l'Occident ? Chez soi, dans son propre pays sous la forme d'une mini-jupe ou de la Star Academy ou dans les yeux des femmes lorsqu'elles commencent à se libérer répond l'Islamiste. L'Occident ne commence pas et la bonne question est de savoir « où finit-il ? » répond le musulman qui veut en vivre, y vivre sans le vivre et qui veut le partager avec l'Occidental sans partager ses valeurs.  Le Djihad étant donc un problème de cible : il vise mal, tire trop, tue beaucoup et récolte peu. Les musulmans veulent qu'il commence en Irak et en Palestine et l'islamiste explique que lorsqu'on commence en Palestine ou en Irak on finit toujours par arriver à faire le Djihad à un aéroport, un métro ou une discothèque ou un touriste. A la fin, le Djihadiste tue un aéroport, assassine sa personne et massacre des passants. Des choses qui n'ont rien à voir directement avec l'Irak, le Djihad, l'Islam ou le Paradis. Le militaire Occidental lui aussi peut aller en Irak, tuer une foule rassemblée pour un mariage, assassiner ce qui reste de sa propre humanité qui lui a été inculquée par sa mère et massacrer des passants. Des choses qui n'ont rien à voir avec la Démocratie, la lutte contre le terrorisme ou la Liberté. Que reste-il à la fin ? Des vues d'ensembles : vus de loin l'Occident comme la planète d'Allah existent, mais vus de près, il ne s'agit que de deux catégories d'êtres humains pris pour cible par une troisième : celle qui tire, explose, bombarde, piège, enterre, explique, justifie, décapite, pend, emprisonne et promet des paradis.  L'été 2007 vient d'être donc sauvé du vide : tout le monde est convoqué sur scène. Nous et eux à la fois.


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