Algérie

La thématique a été débattue hier à MontréalIbn Khaldoun et les pouvoirs arabes



La thématique a été débattue hier à MontréalIbn Khaldoun et les pouvoirs arabes
Postulat : le paradigme khaldounien qui évoque la prise du pouvoir par la violence et la légitimation par le sacré se vérifie encore de nos jours. Démonstration.La sociologie l'a toujours vérifié : la violence symbolique, et parfois physique, est consubstantielle aux pouvoirs illégitimes. Une telle structure conceptuelle remonte aux temps anciens de la colonisation romaine et Saint-Donat. Cette conception de régulation sociale et politique repose sur ce qu'Ibn Khaldoun (1332- 1406) appelle la "Assabiya".
C'est de cette notion formulée par une philosophie de l'Histoire que le Dr Mohamed Aziz a traité lors d'une conférence organisée, dimanche à Montréal, par le Festival du monde arabe. Pour cet universitaire libanais, Ibn Khaldoun a construit sa théorie par des observations des éléments sociopolitiques pour expliquer les progrès et les excès sociaux. Cette thèse développée par l'auteur d'El Moutaqadima (Prolégomènes) explicite, selon le Dr Aziz, la "tribalisation" de l'Etat qui se manifeste par un ardent retour aux sources. Cette tribalisation de l'Etat repose sur la Assabiya, qui est synonyme d'aveuglement et de confiance irrationnelle. Le conférencier étaye ses propos par des exemples historiques. "Qu'est-ce qui fait qu'un peuple suit des leaders après leur défaite '" dit-il en référence à Nasser, l'ancien président égyptien. La guerre civile qu'a vécue le Liban est une forme religieuse de la Assabiya. D'autres pays de la région du Moyen-Orient ou de l'Afrique du Nord ont subi dans leur chair ce genre de déchirement induit par la course au pouvoir où la légitimation du sacré a laissé bien des séquelles. C'est que cette violence symbolique est rendue possible par le discours millénariste propre aux sociétés rurales, où la propension à la manipulation de la religion pour accéder ou se maintenir au pouvoir est très forte. L'insurrection de l'ex-FIS en est un exemple concret. En 1990, au stade olympique du 5-Juillet à Alger, plus de 120 000 personnes étaient en transe à la vue de lettres lumineuses "Allah Akbar" issues pourtant d'un rayon laser. La suite, on la connaît. L'universitaire Aziz, ancien pilote de son état, estime que lorsque la Assabiya vient justifier des coups de force, elle peut provoquer une spirale de violence aux conséquences dangereuses.
Cette violence peut être le fait d'une insurrection armée ou d'un pouvoir qui cherche à se maintenir par la force, pas nécessairement par les armes, mais par des intrigues qui tordent le cou à la légalité, mais aussi et surtout à la légitimité. Ibn Khaldoun l'a évoqué dans son livre Introduction à l'histoire universelle. "Les intrigues qui se cachent derrière un masque de la religion deviennent un commerce lucratif en temps de décadences intellectuelles et sociales", professait déjà le sociologue. Des siècles plus tard, des sociétés sont encore prises en otage par des mentalités tribales qui rendent hypothétique tout changement pacifique dans la gestion politique de la cité.
Y. A.
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