Algérie

La terreur en vase clos



Cependant, la hantise des enlèvements pèse encore sur l’ensemble des citoyens de la région, où plus d’une soixantaine de kidnappings ont été enregistrés ces dernières années. Alors que les entrepreneurs étaient pendant longtemps la cible prioritaire des gangs de kidnappeurs, ces derniers viennent de signifier qu’aucune catégorie de la population n’est à l’abri de ces actes criminels.
Après chacune des affaires de kidnapping, qui se concluent souvent par le paiement de rançon, la même question fuse : «A qui le tour '» Aucune autorité, civile ou militaire, n’a tenté, pour l’heure, ne serait-ce qu’à titre symbolique, de rassurer la population et de s’engager dans des opérations énergiques pour enrayer ce fléau qui a laminé la région au plan économique et traumatisé des dizaines de familles.
L’impunité qui entoure les kidnappings est aussi grave que les actes d’enlèvements eux-mêmes et préoccupe pareillement l’opinion locale. Le business du rapt semble assis pour longtemps et inexplicablement dans une région qui présente une forte concentration en moyens de lutte antiterroriste. Les groupes versés dans cette forme de criminalité auraient-ils acquis un «savoir-faire» qui leur permet de contourner tous les dispositifs sécuritaires et de gérer des séquestrations de plusieurs semaines ' L’échec de la lutte antiterroriste, au moins sur le chapitre des kidnappings, est patent.
Pourtant, il y a de nombreuses années, les hauts responsables en charge de la sécurité dans le pays avaient annoncé le déploiement de troupes d’élite formées dans la lutte contre le grand banditisme, notamment le démantèlement des gangs qui font régner la menace d’enlèvement dans les régions du Centre. Aucune information émanant du terrain n’est venue confirmer un tel déploiement susceptible de mettre sur la défensive les hordes criminelles qui évoluent entre terrorisme et banditisme.
Il n’y a eu pour l’heure ni mise hors d’état de nuire ni arrestation, encore moins des poursuites judiciaires, à l’exception de quelques individus qui commettaient des agressions sur la route contre des automobilistes. La nébuleuse du rapt, utilisant des armes de guerre dans sa quête de rançons, n’a pas été, pour l’instant, inquiétée ou pourchassée. Les seules fois où les kidnappeurs ont dû reculer et relâcher leurs otages sans persévérer dans le chantage ont été consécutives à des mouvements de mobilisation citoyenne, comme cela a été le cas à Ifflissen et Fréha, où des marches de protestation ont été organisées pour montrer le rejet du diktat terroriste par la population de la région.
La solidarité des citoyens n’a cependant pas dissuadé de nombreux opérateurs à délocaliser leurs activités vers d’autres régions du pays, aggravant ainsi le marasme économique déjà prononcé en Kabylie depuis des décennies.    Le silence politique entourant cette déliquescence sécuritaire et socioéconomique est l’autre motif d’inquiétude dans la région. Les réactions des formations politiques n’affluent pas dans les bureaux de presse à la suite d’attentats terroristes, de kidnappings ou de bavures également fréquentes ces derniers mois. A l’exception d’un seul parti (le RCD), les autres formations et autres organisations des droits de l’homme se refusent à tout commentaire ou orientent les journalistes vers leur direction centrale.
 


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