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La tentation totalitaire de Morsi : crise ouverte en Egypte                                    A la une : les autres articles
Symbole de la révolution qui a fait tomber Hosni Moubarak en 2011, la place Tahrir, au Caire, est à nouveau investie depuis vendredi par des Egyptiens hostiles au nouveau régime de Mohamed Morsi, accusé de vouloir accaparer tous les pouvoirs et de chercher à faire replonger l'Egypte dans les années de plomb.
Hier matin, les forces de sécurité ont dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser des opposants ayant décidé, depuis la veille, d'observer un sit-in pour protester particulièrement contre les nouvelles prérogatives du successeur de Hosni Moubarak.
Le président islamiste égyptien, Mohamed Morsi, avait, rappelle-t-on, décidé jeudi de renforcer considérablement ses pouvoirs, en particulier face à la justice. Cette initiative justifiée par la «défense» de la révolution de 2011 lui a toutefois valu d'être qualifié de «nouveau pharaon» par l'opposition.
«Le Président peut prendre toute décision ou mesure pour protéger la révolution», a annoncé le porte-parole de la Présidence, Yasser Ali, en lisant une «déclaration constitutionnelle» à la télévision. Pour les partisans de M. Morsi, le renforcement des pouvoirs du Président permettra ainsi d'accélérer les réformes en ce sens. Ces dispositions sont censées durer jusqu'à l'adoption d'une nouvelle Constitution, un processus aujourd'hui enlisé.
Le président égyptien a également décidé qu'aucune instance judiciaire ne pouvait dissoudre la commission chargée de rédiger la future Constitution, critiquée par les milieux libéraux, laïques et l'Eglise copte, qui l'accusent d'être dominée par les islamistes. Candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, élu en juin, dispose déjà du pouvoir exécutif mais aussi législatif, l'Assemblée ayant été dissoute avant son élection. Afin de mieux asseoir son pouvoir, Mohamed Morsi avait aussi pris la résolution d'écarter en août dernier le ministre de la Défense, Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA) dont il avait peur qu'il lui fasse de l'ombre.
Les locaux du parti des Frères musulmans incendiés
Les nouvelles prérogatives qu'il vient de s'adjuger mettent ainsi clairement ses décisions à l'abri de recours devant un pouvoir judiciaire avec qui il entretient des relations houleuses. Et ainsi qu'il fallait s'y attendre, ces décisions ont scandalisé au plus haut point l'opposition égyptienne. Celle-ci a d'ailleurs décidé, dès vendredi, de renouer avec la contestation pour mettre à l'abri les «acquis» de la révolution de 2011. Selon de nombreux médias, des milliers de personnes s'étaient rassemblées sur la place Tahrir à l'appel de personnalités ou de mouvements laïques et libéraux en criant «Morsi dictateur», alors que des manifestants avaient incendié des locaux du parti politique issu des Frères musulmans dans d'autres villes du pays.
Une manifestation rivale, aux cris de «Morsi on t'aime» s'était tenue devant le palais présidentiel dans la capitale, en soutien au Président qui s'est dit déterminé à assumer ses pouvoirs renforcés annoncés jeudi dans une «déclaration constitutionnelle». Fort de sa légitimité et du soutien du courant islamiste, celui-ci ne semble en effet pas craindre l'opposition. Surtout que celle-ci est divisée. Tout au moins, il paraît prêt à engager avec elle un bras de fer et à opérer un forcing politique.
Le Courant populaire, dirigé par le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi, troisième de la présidentielle de juin, a appelé, de son côté, à une manifestation de masse mardi pour obtenir que M. Morsi revienne sur ses décisions. D'autres ténors de l'opposition, comme l'ancien chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, et l'ancien chef de l'agence nucléaire de l'ONU, Mohamed El Baradei, ont également dénoncé les mesures prises par M. Morsi.
Les juges en grève ouverte à Alexandrie
Le corps de la justice, visé au premier chef par la décision du nouveau président égyptien, a également juré de ne pas se laisser faire. Les juges d'Alexandrie ont ainsi annoncé hier une grève ouverte pour protester contre les nouvelles prérogatives que M. Morsi s'est octroyées. La plus haute autorité judiciaire d'Egypte a également dénoncé le même jour les nouvelles prérogatives du président islamiste. La déclaration constitutionnelle annoncée jeudi par la Présidence «est une attaque sans précédent contre l'indépendance du pouvoir judiciaire et ses jugements», a déclaré dans un communiqué le Conseil supérieur de la magistrature à l'issue d'une réunion d'urgence.
Au plan international, Américains et Européens ont aussi exprimé leur inquiétude de voir ces mesures entraver la démocratisation du pays le plus peuplé du monde arabe. Washington a rappelé que «l'une des aspirations de la révolution (de 2011) était de s'assurer que le pouvoir ne serait pas trop concentré entre les mains d'une seule personne ou d'une institution». Le département d'Etat américain a, en particulier, souligné que le renforcement des pouvoirs de M. Morsi «suscitait des inquiétudes» et appelé les différentes parties à résoudre leurs différends «par le dialogue démocratique».
L'Union européenne a, quant à elle, appelé le président égyptien à respecter «le processus démocratique» et Paris a estimé que les décisions prises n'allaient pas «dans la bonne direction». Des organisations de défense des droits de l'homme ont aussi critiqué M. Morsi. «Les nouveaux pouvoirs annoncés par le président égyptien foulent aux pieds l'Etat de droit et annoncent une nouvelle ère de répression», affirme Amnesty International dans un communiqué. Pour Freedom House, basée à Washington, ces décisions «étendent les pouvoirs présidentiels au-delà de ceux qu'avaient ses prédécesseurs, y compris Moubarak».
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