La tentation du chacun pour soi

Ilne manquera pas un pays arabe riverain de la Méditerranée au sommet constitutifde l'UPM le 13 juillet à Paris. Même la Libye, dont le Guide a pris positioncontre le projet, y sera présente sous l'étiquette «observateur». Laparticipation désormais acquise de pratiquement tous les chefs d'Etat de cespays à la réunion au sommet de Paris est un indéniable succès diplomatique pourla France et pour son Président Nicolas Sarkozy.

Laquestion côté arabe qui se pose maintenant est celle de savoir si cesdirigeants arabes qui vont se retrouver à la table des négociations à Parisvont parler d'une même voix sur les dossiers qui concernent leur régioncommune, ou s'exprimer en ordre dispersé avec le «chacun pour soi» en tant questratégie.

Ila été annoncé au nom de ces Etats que leurs ministres des Affaires étrangèresse concerteront la veille du sommet au niveau de l'ambassade égyptienne àParis. Vont-ils dégager les idées forces qui permettront à leurs chefs d'Etatd'être à l'unisson face à leurs homologues européens, qui eux le sont sur lesdossiers lourds qui vont faire débat au sommet ?

Parleur participation au sommet, auquel Israël est lui aussi convié, les paysarabes ont de ce fait renoncé à conditionner la présence de cet Etat à dequelconques préalables. Mais cela ne les exonère pas de l'obligation pérenned'exiger de l'Etat hébreu qu'il se conforme à la légalité internationale et auxrésolutions des Nations Unies, aussi bien pour la question palestinienne queconcernant les conflits avec le monde arabe dans son ensemble.

Etsurtout exiger que l'Union européenne fasse pression dans ce sens sur Israël,dont elle parraine la participation dans cette Union pour la Méditerranée.

Ilest à espérer que pour l'occasion et pour le problème du conflitarabo-israélien, les Etats arabes parviendront à mettre de côté les différendsde toute nature qui les opposent entre eux. Pour le reste, l'on voit malAlgériens et Marocains, Syriens et Egyptiens, pour ne citer que ceux-la,«accorder leurs violons» sur ce que cette Union pour la Méditerranée est censéedevoir proposer ou réaliser dans leurs intérêts. Cela d'autant que pour garderla prépondérance et imposer sa vision au sein de l'UPM, l'Union européenne, oudu moins ses Etats qui aspirent au leadership sur l'aire méditerranéenne etproche-orientale, ne se priveront pas de jouer sur les divergences inter Etatsqui sont à foison au sud de la Méditerranée.

D'oùdonc notre questionnement sur la capacité des dirigeants arabes de cette rivesud de la Méditerranée à aller à l'essentiel, qui est que l'Union projetée nedoit pas aboutir à faire de la Méditerranée un espace soumis aux intérêtsgéopolitiques et économiques de l'Europe, et de leurs Etats des auxiliairespassifs et des marchés fonctionnant au seul avantage des économies du nord dela Méditerranée.