Algérie

La tension sur le lait et l'huile a un nom : subventions



Les fatalistes n'ont pas besoin d'arguments pour déployer leurs certitudes. Il arrive qu'ils soient écoutés et beaucoup plus qu'on le croit. Quand, en plus, ils n'en manquent pas, ils deviennent carrément intraitables et il n'est pas difficile de comprendre pourquoi. Quand ils vous disent par exemple que notre beau et vaste pays n'en finira jamais avec les histoires de pain, de lait et d'huile, vous pouvez être un rationnel convaincu et un cartésien accompli, vous aurez votre moment de doute. L'un dans l'autre, vous serez également tenté par la résignation : et si c'était vrai, finalement, que ces tensions incompréhensibles, ces pénuries «miraculeuses» et ces crises... providentielles ne nous quitteront jamais, jusqu'au jour de la désintégration de l'univers et qui sait, nous poursuivront dans l'Au-delà, qu'on y croie ou non ' Oui, en dépit du caractère expéditif et péremptoire de leurs «convictions», les fatalistes en l'occurrence ne manquent pas d'arguments. Par endroits, ils n'ont tout bonnement pas de contradicteurs crédibles. Pour deux raisons essentielles, ils se retrouvent dans le beau rôle, à chaque fois que le sujet revient dans l'actualité et il faut convenir que les attentes en la matière sont souvent courtes. D'abord parce que les faits leur donnent raison et il n'y a même pas de signes sérieux qu'on en finira un jour. Ensuite parce que les «contradicteurs» sont rarement ceux qui portent dans leur structure de pensée un regard plus lucide sur les raisons du phénomène et sur les possibilités de solutions. Ils sont plutôt ceux-là mêmes qui participent à l'incurie de gestion qui a fait que plus d'un demi-siècle d'indépendance dans un pays qui a tout pour être prospère, on en est encore à angoisser pour le pain et le lait. Plus grave, l'angoisse est due au fait que ces produits de base ne soient pas disponibles, pas parce qu'on n'a pas les moyens d'en acquérir ! Ce sont ceux-là aussi qui sont désignés, toujours à raison, comme les instigateurs de la pénurie organisée ou leurs relais. Il y aurait donc ceux qui orientent la colère populaire vers des demandes faciles à satisfaire puisqu'il suffit de s'y mettre, même avec des solutions faciles et sans lendemain, ceux qui sont chargés de donner du crédit à la chose en lui donnant du volume et du terrain... Et puis les perspicaces chroniques à qui on ne la fait pas parce qu'ils ont tout compris, depuis toujours et pour longtemps encore : les Algériens, soutiennent-ils, ne protestent jamais pour le pain et le lait. Ils ont la colère plus noble, voire plus vertueuse. Comme si la contestation sociale était une tare, une honte tant qu'à faire ! Du coup, ils dédouanent les gouvernants de leurs failles en la matière : les Algériens auraient donc des problèmes de démocratie, de liberté et de droits mais... jamais de niveau de vie ! Quel précieux cadeau ! Voilà que tous les errements managériaux, toutes les faillites en la matière deviennent donc une vue de l'esprit ! Y compris la politique des subventions, économiquement ruineuse et socialement injuste, qui est souvent la lame de fond de ces tensions sans fin.S. L.


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