La tension persiste

Malgré la promesse des autorités d'ouvrir des négociations autour du dossier du pain, beaucoup de boulangers, dans nombre de localités, ont maintenu de vendre cher leur pain.L'augmentation du prix du pain décidée unilatéralement par les boulangers, depuis le week-end, suscite encore colère et indignation à Tizi Ouzou. De nombreux comités de villages se concertent pour refuser ces nouveaux prix. Au chef-lieu de wilaya, de nombreuses chaînes ont été constatées hier matin encore devant les rares boulangeries qui ont osé ouvrir boutique et défier l'Etat dans cette véritable surenchère qui ne dit pas son nom alors que de nombreux épiciers et revendeurs de pain de la ville et des localités environnantes ont encore refusé de recevoir leurs quotas habituels de pain. "J'ai refusé de commercialiser le pain à 15 DA pour ne pas pénaliser mes clients et éviter aussi d'être verbalisé mais j'ai aussi refusé ce marché de dupes car avec le prix habituel de 10 DA la baguette, on avait droit à 1 DA de bénéfice et voilà qu'avec cette augmentation subite de 5 DA, les boulangers veulent maintenir la même marge de bénéfice de 1 DA pour les détaillants. C'est de la spéculation pure et simple alors autant éviter toute cette marmelade", nous dira un épicier de la nouvelle ville de Tizi Ouzou. À Bouira, les boulangers se sont montrés téméraires. Ils ont poursuivi de proposer la baguette à 15 DA, alors qu'une quarantaine d'entre eux se sont vus poursuivis en justice par les autorités habilitées. Les services de la DCP ont promis de sévir, même si, par ailleurs, des tentatives de désamorcer la crise sont envisagées. À cet effet une réunion est prévue pour aujourd'hui à 9 heures au siège de la direction locale. "On a été convoqués à 9 heures pour une réunion d'urgence pour demain (aujourd'hui, ndlr)", nous a affirmé un artisan boulanger, adhérent à l'Association nationale des commerçants algériens (Anca). La DCP entend, elle, prendre des "sanctions radicales" à l'encontre des contrevenants. "La loi va être appliquée dans toute sa rigueur, si les boulangers ne décident pas de revenir sur leur décision", affirme le DCP de Bouira, Ahmed Goumri. À Constantine, la rue s'inquiète et fustige les boulangers ayant décidé de vendre plus cher leur pain. À la nouvelle ville Ali-Mendjeli, où la plupart des produits de consommation sont écoulés avec une marge bénéficiaire plus élevée, nous constatons que le prix de la baguette de pain est resté curieusement inchangé. D'une manière générale, les citoyens ne cachent pas leur mécontentement, si ce n'est leur révolte quant à une éventuelle augmentation du prix de la baguette de pain. Rencontrés hier dans la rue, nombreux d'entre ces deniers ont affiché un refus catégorique à cette mesure qu'ils jugent irresponsable notamment en ces moments difficiles. "Je suis vraiment inquiet depuis que cette rumeur annonçant que le prix de la baguette de pain aurait été augmenté de manière sauvage et contre l'avis des autorités qui ne l'ont pas autorisé. J'ai 5 enfants, et j'ai déjà vraiment du mal à les nourrir avec un salaire qui ne dépasse pas 30 000 DA", nous lance un père de famille. "Ce n'est pas du tout le moment de nous imposer des augmentations, notamment en ce qui concerne les produits de première nécessité, on arrive à peine à nourrir nos familles sans nous en remettre une couche", nous lance, furieuse, une dame. D'autre part, certains témoignages tendaient à donner du crédit à cette rumeur, ils affirment avoir acheté la baguette de pain à 15 DA dans certains endroits. Les différentes personnes qui ont soutenu avoir acheté la baguette à ce nouveau prix, ont indiqué ne l'avoir pas acheté dans une boulangerie. Il n'empêche que partout où l'on se trouve, les avis sont hostiles aux boulangers qui souhaitent l'application d'une nouvelle tarification du pain.
De nos correspondants