Algérie

La tension monte entre Khartoum et Juba



Ban Ki-moon, qui était venu assister au sommet de l’Union africaine, a notamment reproché aux présidents sud-soudanais Salva Kiir et soudanais Omar El Bechir «un manque de volonté politique» pour régler pacifiquement la question. C’est ainsi que lors d’une conférence de presse, il les a appelés à «faire les compromis nécessaires» pour maintenir la fragile paix entre leurs deux pays. «La situation au Soudan et au Sud-Soudan a atteint un point critique, elle est devenue une menace majeure pour la paix et la sécurité à travers la région», a prévenu le responsable de l’ONU. Depuis son indépendance, le 9 juillet dernier, le Soudan du Sud, qui a hérité des trois quarts de la production pétrolière soudanaise, ne peut les exporter que par un unique oléoduc traversant le Soudan. Les négociations sur le partage de cette manne pétrolière étant dans l’impasse, le Soudan a décidé de retenir une partie du brut sud-soudanais depuis le mois dernier pour se payer «en nature». Le gouvernement sud-soudanais a annoncé, en représailles, qu’il interrompait sa production pétrolière. Le ministre du Pétrole, Stephen Dhieu Dau, a assuré à ce propos hier à la presse que «très peu de pétrole» était désormais exporté. Avant les accords de paix de 2005 ouvrant la voie à l’indépendance du Soudan du Sud, le Nord et le Sud du Soudan s’étaient livrés une guerre civile de 20 ans et de nombreux observateurs craignent une possible reprise des hostilités. La situation est d’autant plus dangereuse que des rebelles du Kordofan-Sud, unique Etat pétrolier du Soudan depuis la partition du Soudan du Sud et que Khartoum soupçonne de «rouler» pour Salva Kiir, expriment des velléités d’autonomisation. Ne voulant bien entendu pas entendre parler d’autonomie et encore moins de sécession en raison de son importance énergétique, le régime de Omar El Béchir a décidé de mater la rébellion qui s’y est installée.
Mystérieux enlèvement de 29 Chinois  
Aussi, le Kordofan-Sud est le théâtre, depuis juin 2011, d’affrontements qui auraient déjà fait des centaines de morts entre l’armée soudanaise et les rebelles du Nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM). Une partie de la population a, rappelle-t-on, combattu au côté des Sudistes pendant la guerre civile (1983-2005) qui a conduit à la partition du Soudan. D’ailleurs, des dizaines de milliers d’habitants de la région se sont réfugiés au Soudan du Sud. Pour tenter d’internationaliser leur cause, les rebelles du SPLM ont enlevé samedi 29 employés chinois, dont le pays est un partenaire économique et politique de premier plan du Soudan. Un porte-parole de la branche Nord du SPLM, Arnu Ngutulu Lodi, a annoncé à l’AFP cet enlèvement ainsi que celui de neuf soldats soudanais après des combats avec les forces gouvernementales. «Nous les avons enlevés et ils sont à l’abri», a affirmé Arnu Ngutulu Lodi à propos des 29 Chinois, assurant qu’aucun d’entre eux n’avait été blessé. Pour quelle raison maintenant la direction du SPLM a-t-elle ordonné l’enlèvement de travailleurs chinois ' Sans doute pour amener la Chine à réviser leur position à l’égard de Khartoum. En tout cas, le message est clair : pour que la Chine puisse continuer à faire tranquillement son business, il faudra désormais qu’elle passe par Juba et le SPLM.  La Chine entretient, rappelle-t-on, des relations privilégiées avec le Soudan. Elle est le principal investisseur étranger dans le secteur pétrolier soudanais, le plus gros acheteur de brut soudanais et un important fournisseur de matériel militaire. Après la partition, Pékin a bien noué des relations privilégiées avec Juba. Un représentant spécial de la Chine a même été chargé d’aider les deux Soudan à résoudre leur conflit sur le partage des revenus pétroliers – Juba dispose de l’essentiel des réserves et Khartoum maîtrise les infrastructures indispensables pour les exportations. Mais après l’enlèvement de samedi, il apparaît clairement que certains acteurs sont encore loin d’être satisfaits.
 


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