Algérie

La tension monte en Côte d'Ivoire



La pression internationale montait, hier, pour que la crise en Côte d’Ivoire, déchirée entre deux présidents proclamés, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara — et bientôt deux gouvernements — soit résolue au plus vite tandis que les incidents se multipliaient à Abidjan. La tension restait forte dans le pays : des jeunes pro-Ouattara sont de nouveau descendus dans les rues de la capitale économique et le couvre-feu nocturne, qui devait s’achever hier tout en étant allégé de quelques heures, a été prolongé d’une semaine par Laurent Gbagbo.
Interrogé par la radio française Europe 1 sur le fait de savoir s’il était prêt à «déloger» ce dernier, le Premier ministre d’Alassane Ouattara, Guillaume Soro, n’a pas exclu une confrontation. «S’il nous oblige, on n’aura pas d’autre choix», a-t-il averti, tout en plaidant pour une issue pacifique. Alors que l’Union européenne faisait planer la menace de sanctions, la France a appelé à une transition «digne» du pouvoir. La chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, «est prête à suivre les procédures qui prévoient des sanctions s’il n’y a pas une résolution rapide à cette situation de crise» née du second tour de la présidentielle, le 28 novembre, a indiqué hier une porte-parole. Le président français Nicolas Sarkozy a réaffirmé depuis l’Inde que «le président élu (était) Alassane Outtara» et le Quai d’Orsay a estimé que l’heure était «à la recherche d’une transition ordonnée, sereine et digne». Le «monarque» isolé Sur place, l’ex-chef d’Etat sud-africain Thabo Mbeki, dépêché dimanche par l’Union africaine pour tenter une médiation quasi impossible dans ce contexte, a eu dans la matinée une série de rendez-vous avec des acteurs de la crise et devait s’entretenir à nouveau avec le président sortant Laurent Gbagbo avant de quitter le pays. La déchirure s’aggrave en Côte d’Ivoire entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, qui se déclarent tous deux présidents et ont chacun nommé un Premier ministre. Guillaume Soro, leader de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le nord depuis le coup d’Etat manqué de 2002, a été reconduit par M. Ouattara au poste de Premier ministre qu’il occupe depuis 2007. Il détient le stratégique ministère de la Défense dans son gouvernement formé dimanche. Fort du soutien de la communauté internationale, ONU en tête, l’ex-Premier ministre Ouattara n’entend pas renoncer à la victoire qui lui était promise par les résultats de la Commission électorale indépendante (CEI), le donnant en tête avec 54,1% des suffrages. Mais M. Gbagbo, au pouvoir depuis dix ans, a ensuite été proclamé vainqueur par un Conseil constitutionnel acquis à sa cause avec 51,45% des suffrages, moyennant l’invalidation de votes dans le nord FN.     Seule bonne nouvelle pour les Ivoiriens : les frontières, notamment aériennes, fermées depuis jeudi par l’armée régulière dans la zone sud qu’elle contrôle, ont été rouvertes hier. A l’étranger, la crise actuelle inspire toujours une «grande inquiétude» selon l’expression employée par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Les deux institutions s’interrogeaient sur l’opportunité de continuer à aider le pays «dans un contexte d’incertitude et de tension qui se prolonge».   


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