Sous prétexte que les productions de fiction télévisuelle doivent être «le reflet de la société», la télévision publique ' enfin, appelons-la ainsi ' et les quelques démembrements indûment désignés comme «chaînes» forcent le trait jusqu'à l'usure.L'absence de projet culturel, l'indigence intellectuelle et l'incompétence professionnelle se liguent ainsi contre la qualité pour nous servir donc à' chaque Ramadhan une cuvée spéciale de programmes dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils font plus pleurer que rire.
L'intention pourtant, on a fini par l'intégrer, même si elle procède d'un non-sens : on peut crever la dalle le reste de l'année mais nous sommes sommés de bien manger pendant ce mois de' piété. Il faut donc aussi se «nourrir l'esprit».
N'est-ce pas que «quand le ventre est rassasié, la tête chante» ' Et un peu comme le ministre du Commerce nous rassure des mois à l'avance sur la disponibilité des produits alimentaires et la stabilité des prix à cette période, la télé nous abreuvait de bandes-annonces sur les nouveaux feuilletons, les anciens prolongés ou revisités, les sitcoms et toutes les autres productions qui vont accompagner notre jeûne et le rendre moins pénible, puisqu'il n'est pas question qu'il soit agréable.
Puis Ramadhan est arrivé et nous avons encore une fois ce que nous sommes, des fois que nous l'aurions oublié.
Elle a installé des caméras dans les marchés, sur les routes, chez le boucher du quartier, aux tables de dominos et surtout dans les foyers.
«Chez vous, comme si' vous y êtes». La formule aurait pu servir de texte de base à une captivante bande-annonce. Mais il ne s'agit pas de se regarder dans son salon. La télévision publique veut être le «reflet de la société», mais il paraît qu'elle sait faire de la fiction.
Elle va donc chercher au plus profond de nous-mêmes les caricatures les plus grotesques. Il paraît que c'est cela, «notre culture».
Comme il ne faut surtout pas que ça change, on va entretenir et pérenniser les choses par l'image et le texte. Plutôt si, ça peut changer vers le pire.
Il paraît que nos jeunes fiancés se serrent la main, maintenant. Il n'y a pas longtemps, le câlin avait disparu mais ils pouvaient encore se faire la bise à l'écran. Pour les feuilletons «destinés» au public berbérophone, on n'a rien laissé au hasard. Il fallait reproduire tous les clichés dont justement a' toujours souffert ce même public.
Pour le reste, des héros gardiens de la moralité et de l'honneur «ancestraux», des femmes mégères ou soumises, des scènes de ménage à n'en plus finir parce qu'il faut bien nous rappeler que nous sommes en plein dans la méditation transcendantale, des vociférations de rue pour nous convaincre que la communication est notre seconde nature, des histoires «téléphonées» pour faire semblant qu'il y a un suspense et oublier qu'on a faim et des fins tellement heureuses qu'elles tuent d'ennui.
Nous voulons une télévision publique proche de nous et fidèle à nos palpitations quotidiennes ' Eh bien, voilà que nous sommes servis !
Même les caméras cachées ne font rire personne. Elles sont tellement ridicules qu'on a du mal à comprendre où veulent en venir ceux qui les ont conçues. Et puis des caméras cachées pour une télévision qui ne veut rien nous cacher pour mieux nous dire qui nous sommes'
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Posté Le : 14/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Temps d'Algérie
Source : www.letempsdz.com