Algérie

La technocratie ne peut changer le système de gouvernance algérien



Les mutations technologiques et économiques ont conduit à une nouvelle vague d’innovations sociales insoupçonnées, frappant les organisations de la gouvernance algérienne sur tous les plans. Ainsi, une nouvelle forme de gouvernance a émergé et qui se démarque sensiblement de la gouvernance classique. Le système de gouvernance algérien est au prise avec un nombre considérable de contradiction, des coûts sociaux et une rigidité qui le rendent anachronique dans le contexte moderne contemporain. En effet, jamais le genre humain n’a vu un aussi rapide et gigantesque changement tel que nous l’expérimentons aujourd’hui. Ce changement altère la manière de penser des gouvernants, et des opposants, et menace leur statut quo comme jamais auparavant. Ils se retrouvent soudainement en relation avec des choses qui, il y a quelque temps, ne constituaient pas une problématique à leur façon de faire et de vivre. La configuration de l’état actuel du système de gouvernance algérien (opposition comprise) en est une que les gouvernants et les opposants trouvent assez confortable. S’en est une pour laquelle ils ont travaillé toute une vie pour l’obtenir. De plus, c’est une situation pour laquelle ils dépensent le plus d’énergie pour la maintenir. Pourquoi ? Car, ils la connaissent très bien et ils savent ce qu’elle représente pour eux. Essayent-ils de l’améliorer ? Oui, bien entendu, ils essayent toujours d’améliorer les choses pour le bien être des algériens, mais ces petits changements, normalement, ne doivent pas perturber pas le confort et la sécurité que l’état actuel de la situation assure aux gouvernants et au opposant. Veulent-ils quitter cette situation pour une autre complètement différente et qui leur est inconnue ? Dans plupart des cas la réponse sera effectivement non. Ils ont besoin d’avoir une raison pour quitter la situation actuelle. Ils ont besoin d’être insatisfait avec la situation actuelle. Même si ces raisons ne sont pas suffisantes, souvent ils veulent demeurer dans la même situation combien même elle est inconfortable. Cela est dû à la peur de l’inconnue. Ils résistent au changement car ils ne sont pas convaincus soit de la rationalité de la nouvelle configuration ou, ils ont des intérêts à sauvegarder ou carrément cela va à l’encontre de leurs croyances.

Aujourd’hui, à travers ce tsunami engendré pare la révoltions tranquille, les algériens se questionnent pour trouver des réponses aux problèmes posés. Tous ces questionnements dérivent du besoin d’une gouvernance qui assurera la prospérité du pays et du peuple maintenant et durablement. Or, cette dernière ne peut être atteinte sans un dynamisme humain. Dans les faits, cette prospérité dérive de la qualité du travail et des modes de cohésion sociale, le tout articulé autour d’une stratégie humaine.

Les gouvernants et les opposants du système algériens doivent arrêter de parler de la gestion moderne, ou du bien être des citoyens, il est plus vital d’en appliquer les principes. Cela ramène à poser la question suivante : Peut-on appliquer des principes si l’on n’est pas imprégné de la philosophie qui leur est sous-jacente ? Les changements stratégiques de gouvernance ont besoin d’être décidés pour se réaliser. C’est une des vertus de tout dirigeant que de savoir les décider. Sénèque disait un jour à son disciple : « Lucilius, quand tu auras désappris à espérer, je t’apprendrai à vouloir. » La stratégie doit être voulue, cela conduit à une autre question qu’on doit se poser et qui est relative à la cible. Pour appliquer une stratégie il faut savoir où aller, la citation de Sénèque : « il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va », nous ramène à la notion de vision de la réalité du quotidien des algériens, à partir de laquelle dérivent les objectifs stratégiques.

Une fois, les aspects stratégiques connus, il convient de définir l’aspect tactique qui n’est autre que la gestion des opérations courante, à travers un processus de gestion du changement, permettant le passage de l’état actuel vers l’état désiré. Pour ce faire, il s’agit de se poser la question suivante : « les croyances actuelles des gouvernants, des opposants et des personnalités permettent-elles d’atteindre les objectifs stratégiques ou bien la cible préalablement définie ? » La compréhension des composantes et des caractéristiques du modèle de gouvernance actuel et celles du modèle de gouvernance cible permettra de répondre aux questions que l’on se pose.

La gouvernance conventionnelle dominée par la technocratie s’appuie sur des bases périmées concernant la gestion des aspects humains. Les technocrates, c’est-à-dire mus par la culture technocratique ou la culture bureaucratique qui sont inhumaines, ce sont des approches mécanistes. Elles donnent la primauté à l’individualisme ; elles mettent l’accent sur les procédures, la réglementation, le taylorisme, le modèle conflictuel des relations, la centralisation, les communications descendantes, la technostructure, la paperasse, la prédominance de la mentalité hyper technicienne.

Ce modèle managérial ou de gouvernance présente une expression profonde de malaise social. Cela entraîne des coûts sociaux d’une ampleur insoupçonnée qui se manifestent en termes de conflit de travail, de rigidité des comportements, des attitudes déloyales, de l’absentéisme, de fuite des cerveaux et de « haragas », écarts de qualité, d’appauvrissement, etc. Aujourd’hui l’approche mécaniste ou technocratique dans toute gouvernance devient dysfonctionnelle, car elle constitue un facteur d’inefficacité et d’éloignement du peuple plutôt qu’un moyen de mobilisation des intelligences. Cela entraîne des ruptures qui rendent anachroniques les pays qui continuent à opérer par une simple reproduction du passé dû au paradigme de type machine ou technocratique.

Une gouvernance technocratique est structurée autour des fonctions. Elle constitue alors un handicap, exigeant une grande dépense d’énergie pour évoluer et changer. Cela est la conséquence de la structuration verticale autour des fonctions. Ce type de gouvernance présente des effets pervers tels que le cloisonnement, le territorialisme et le protectionnisme. Ces défauts sont perçus comme incompatible avec les nouvelles exigences des citoyens qui réclament de la collaboration, du partenariat, du transfert d’information et de compétence tout le long de processus transversaux.

Les fondements d’une gouvernance performante sont diamétralement opposés aux fondements d’une gouvernance classique. Les nouveaux fondements pallient les défauts présentés par la gouvernance classique technocratique. On mise sur la cohésion sociale, la mobilisation de toutes les ressources, l’identification à des valeurs et à un projet partagé, la décentralisation, l’ouverture des communications, l’esprit citoyen pour une productivité citoyenne, la mise en place de systèmes participatifs, le feedback régulier sur les résultats, bref un type d’organisation dite organique, vivante, performante, excellente, c’est le nouveau paradigme de type organisme. C’est vers ce nouveau cap que s’alignent les pays à succès.

Ammar Hadj Messaoud, Ing.; M.SC. Publié le 26 mars 2019



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