Algérie

La taxe sur les sacs en plastique quadruplée : Moyen de sévir en amont ou échec d'une stratégie '


Le gouvernement a décidé de la quadruplication de la taxe sur les sacs en plastique, entrée en vigueur depuis le début du mois en cours. Cette redevance, qui devient plus importante, puisqu'elle passe de 10 à 40 DA/kg, obéit au principe d'une stratégie environnementale visant la limitation de l'utilisation des déchets non biodégradables et la contribution au financement du ramassage et du tri des ordures.Si les fabricants et importateurs y sont soumis, cette nouvelle mesure va-t-elle inciter pour autant le citoyen à réduire peu ou prou sa «consommation» de ce genre d'emballage ' D'autant qu'en parallèle, aucune alternative n'est clairement identifiée par le département de Fatma-Zohra Zerouati.
La ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables, qui a indiqué, en début de semaine, que la hausse de la taxe sur les sacs en plastique est inscrite dans la loi de finances 2019, qu'ils soient produits localement ou importés, a survolé les options à mettre en place. «Des mesures sont prises pour réduire graduellement l'utilisation de ce produit, dont l'accompagnement proposé aux fabricants pour mettre au point un produit écologique et le soutien de toute initiative visant la création d'entreprises de recyclage.» Une vision déjà prônée par ses prédécesseurs et qui n'a visiblement pas réussi à prendre forme.
Les campagnes de sensibilisation éparses, menées par certaines associations de consommateurs quant à l'option du sac réutilisable ou du couffin traditionnel n'ont jusque-là pas abouti. En taxant encore plus ce produit, le gouvernement semble ainsi pencher pour une stratégie coercitive au lieu d'investir dans l'écocitoyenneté, soutiennent certaines associations écologiques.
Et les avis semblent partagés. «La pédagogie sociale ainsi que l'éducation civique doivent être soutenues», selon certaines d'entre elles. «La répression par la loi et la taxation peut rectifier le comportement du citoyen qui est, force est de le constater, réfractaire à la préservation environnementale», diront d'autres.
Qu'en est-il du circuit informel ' Car, il existe bel et bien en raison «d'une importation excessive de matériels de production de ces sacs au vu de leur prix dérisoire », a reconnu Abdelkader Ouali devant le Conseil de la nation, en janvier 2017. Le ministre des Ressources en eau et de l'Environnement de l'époque avait promis de sévir contre cette activité illégale et son corollaire commercial. Deux années plus tard, on n'en sait pas plus sur ce projet. Pour Karim Tedjani, créateur et animateur du portail web Nouara Algérie, une revue écologique algérienne, il ne faut pas limiter la lutte contre la pollution à ses manifestations les plus visibles.
Encore moins l'envisager selon la seule dimension locale, régionale, ou même nationale. «J'ai bien peur que le secteur de l'informel ne tire un sérieux avantage de cette affaire et trouve ainsi une formidable opportunité d'inonder le marché algérien de sacs en plastique, qui ne répondront pas à ne serait-ce qu'un semblant de normes. Sans s'attaquer en parallèle à cette face obscure du problème, nous risquons tout simplement de passer de Charybde en Scylla !»
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