Algérie

La tariqa Tidjanya



Né en 1738 Sid Ahmed Tidjani se fit très vite remarquer par son intelligence précoce et sa piété ; à la mort de son père en 1753, il le remplaça en enseignant pendant cinq ans dans la petite ville de Aïn Madhi, de djebel Amour, près de Laghouat.

En 1758 il entreprit un long périple qui le mènera à Fes, à Taza, Tunis, puis de la Mecque à Médine, le Caire, Tunis pour finir de revenir à Aïn Madhi. Dans chacune de ces villes d'accueil il suivit les leçons des chaykh de différentes tariqa, de la sorte il s'abreuva aux nombreuses sources du savoir ; on le retrouvera ensuite à Fes où, «dès 1778, il commença à jeter les bases du nouvel ordre religieux qu'il s'apprêtait à fonder».

Muni de diplômes lui conférant le droit d'enseigner toutes les sciences religieuses, il se rendit à Labiod sidi Cheikh où il se plaça sous la direction spirituelle du maître Sidi Cheikh Beneddin. Ce fut à Tlemcen, haut lieu de la culture, de la science et des connaissances où il vivra le plus longtemps, y professant durant plusieurs années. En 1782, devant une foule immense, nous dit-on, il annonça au Ksar de Bensemghoun la naissance de la tariqa Tidjanya ; il revendiquera en même temps le titre de Khâtem (sceau des) el aoulya !

« - L'un des fameux disciples de la confrérie, Sidi Tahar Boutiba ou Boutayba - enterré à Tlemcen dans le cimetière d'el Aubbad qui portera son nom - était connu pour avoir contribuer à l'expansion de la tariqa Tidjanya en Afrique. Plus exactement ce fut après avoir séjourné auprès de lui que Mohammed Ben Abdellah, originaire du Touat, ira fonder des Zaouia Tidjanya au Mali, en Mauritanie, au Sénégal et au Niger où il prendra le nom de chaykh Lakhdar ! On attribuera à Sidi Ahmed Tidjani le mérite d'avoir parcouru, pendant plus de 18 ans, tous les pays d'Afrique noire, le Sahara, le Touat, la Tunisie, créant partout des Zaouia, nommant des moqaddem !

De la sorte il se fit le chantre du nouvel ordre religieux. Les Turcs échaudés par l'immense popularité d'Ahmed Tidjani et son influence grandissante occupèrent Aïn Madhi en 1785 puis une seconde fois en 1787. Cependant la confrérie continua d'accueillir des fidèles de tout l'ouest de l'Afrique, du Maghreb ainsi que de quelques régions du Moyen Orient. Les «ziara procurèrent aux moqadem d'appréciables rentées financières qui permirent à l'ordre religieux de vivre dans une certaine aisance»

En 1799 Ahmed Tidjani quitta définitivement le Sahara et décida de s'installer à Fes. Le Monarque Moulay Sliman s'empressa «de se montrer favorable aux tidjania, il fit don d'un magnifique palais à Si Ahmed qui s'y installa avec sa famille et ses serviteurs». Ce fut dans cette résidence qu'il dicta à deux de fidèles le livre de sa vie et ses recommandations à ses khouan ; ce document constituera dans son ensemble la doctrine de la tidjania.

Chaykh Ahmed Tidjani mourut le 19 Septembre 1815 et fut enterré dans sa zaouia de Fes. La direction spirituelle de l'ordre revint au plus méritant parmi ses disciples, El Hadj Aïssa, originaire de Yambo (Hidjaz)

Le Chaykh laissa deux fils : Mohammed el Kebir né en 1796 et Mohammed Seghir né en 18O2. L'aîné fut massacré avec 4OO de ses fidèles lors d'une expédition contre Mascara ; son frère Mohammed Seghir devint le chef spirituel de la tariqa en 1844. Il mourut en Mars 1853 et fut enterré à Aïn Madhi.

La confrérie Tidjania resterait parmi les ordres religieux les plus répandus en Afrique noire ; rappelons, à titre anecdotique, que l'un de ses fervents fidèles fut le sultan Hassan II !


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