Algérie

La survie de l'humanité en dépend : la diversité biologique en déclin rapide



L'érosion de la biodiversité(1) ou diversité biologique ? on emploie de plus en plus le second terme parce qu'il désigne mieux l'éventail des modes de vie des êtres vivants ? est passée au rang de préoccupation majeure pour l'humanité.Autant que le changement climatique, mais il faut le déplorer, sans le même retentissement auprès des Terriens. L'érosion de la diversité biologique, comme le diabète, est un mal silencieux et mortel.
Elle ne peut pas produire les images qui frappent les esprits comme les catastrophes naturelles attribuées au changement climatique. Depuis des décennies, les scientifiques, avec l'aide des organismes politiques internationaux, ont ?uvré pour une prise de conscience universelle semblable à celle de la menace de surchauffe de la planète devenue par la même occasion l'une des causes des disparitions d'espèces vivantes. Depuis quelques mois, des scientifiques de renom et des organismes internationaux, notamment la FAO(2) et l'IPBES(3), ont publié leurs rapports les plus alarmants de leur existence.
A la fin d'octobre 2018, la FAO a publié son deuxième rapport sur l'état des ressources phylogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture. Le constat est effrayant : «La diversité génétique des plantes que nous cultivons et consommons ? et des espèces sauvages apparentées ? pourrait disparaître à jamais, compromettant ainsi la sécurité alimentaire future». E 2007, elle alertait déjà sur l'état des ressources zoogénétiques mondiales que «l'essor rapide de la production animale industrielle ciblée sur une palette très restreinte de races est la plus grande menace mondiale à la diversité des animaux de ferme».
En effet, entre 2000 et 2007, une race domestique sur les 7000 races animales recensées par la FAO a disparu tous les mois. Enorme ! Un an plus tard, lors de la conférence mondiale sur la diversité biologique à Bonn, en mai 2008, la FAO tirait à nouveau la sonnette d'alarme, cette fois-ci sur l'érosion de la diversité végétale : le rapport indiquait que «trois quarts de la diversité génétique variétale des plantes cultivées ont disparu au cours du XXe siècle.
Seules douze espèces végétales et quatorze espèces animales assurent désormais l'essentiel de l'alimentation de la planète». Autrefois, 10 000 espèces étaient cultivées pour nourrir la planète. Le riz, le blé, le maïs et la pomme de terre représentent 60% des apports énergétiques d'origine végétale. Toujours selon la FAO, des progrès ont été réalisés ces 10 dernières années pour la protection de ces ressources. Des banques de gènes notamment ont été créées.
Un peu plus de 2000 ont vu le jour avec près de 7 millions de variétés conservées. Les Etats se sont dotés également d'instruments juridiques dans le cadre de la Convention internationale sur la diversité génétique, où l'Algérien Ahmed Djoghlaf a joué un rôle crucial jusqu'en 2012 en tant que secrétaire exécutif de la Convention.
Depuis le Sommet de la Terre, en 1992, l'Algérie a signé assidûment toutes les conventions relatives à la conservation de la nature et la protection de l'environnement mais l'incomparable réservoir d'espèces et de variétés cultivées algériennes, véritable trésor de l'agriculture méditerranéenne, n'a pas cessé de se vider (voir ci-dessous l'interview du professeur Meriem Louanchi).
A la fin mai 2019, l'IPBES a publié un rapport de 1800 pages sur l'évaluation mondiale sur l'état des écosystèmes. Son verdict est terrifiant et sans appel : «La nature décline de façon globale et à des rythmes sans précédent dans l'histoire humaine». Sur les 8 millions d'espèces animales et végétales estimées, 1 million vont disparaître.
C'est sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Le rapport indique «qu'il ne s'agit pas de plusieurs cas particuliers, partout dans le monde les preuves pointent toutes vers la même tendance au déclin». «Nous sommes en train d'éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier», a encore souligné le rapport d'expert. Incontestablement, l'homme est la cause principale de ce que les scientifiques nomment «la sixième grande extinction».
Toutefois, les études sur lesquelles s'appuie le bilan de l'IPBES montrent aussi que la nature gérée par les peuples autochtones se dégrade généralement moins vite que sur les autres territoires. «Les peuples autochtones sont clairement les gardiens de la nature».

Endnotes
1) Biodiversité ou diversité biologique est l'ensemble des êtres vivants, animaux, plantes, champignons et microorganismes. Ce sont aussi les interactions dans le temps et l'espace qui les relient entre eux et avec le milieu dans lequel ils vivent.
2) Organisation mondiale pour l'agriculture et de l'alimentation (ONU)
3) Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (ONU).



Ornithologie : une observation rare à Djanet, la fauvette de Rüppel
Alauda, la célèbre revue internationale d'ornithologie publiée en France depuis 1929 qui fait autorité, vient de sortir son 1° numéro trimestriel de 2019 dans lequel elle fait part de l'observation, à Djanet, le 8 décembre 2018, de la fauvette de Rüppel, un petit passereau du nord-est de la Méditerranée, espèce extrêmement rare et accidentelle sous nos latitudes. L'observation et la photo ont été faites par deux ornithologues amateurs, Karim Haddad et Larbi Afoutni de l'association d'ornithologie «AquaCirta» qui, comme son nom l'indique, est de Constantine.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)