Algérie

«La succession ne peut être réglée par deux ou trois hommes»



«La succession ne peut être réglée par deux ou trois hommes»
Sid Ahmed Ghozali n'adhère pas à la démarche des personnalités et des partis qui appellent à la destitution du président Bouteflika. Dans un entretien au magazine Le Point, l'ex-chef de gouvernement voit la situation autrement.Pour lui, le Président n'est pas, à lui seul, la cause des difficultés que rencontre le pays. Il estime que le problème n'est pas dans les personnes, mais plutôt dans le système politique. «S'il (le Président, ndlr) venait à disparaître, et nous sommes tous appelés à disparaître, sans que le système ne bouge d'un iota, il n'y aurait absolument aucun changement. Pour son grand malheur et le nôtre, les forces du Président s'amoindrissent inexorablement depuis 2005. Cela est de notoriété publique.
Qui a géré le pays durant cette période et continue de le faire ' Le système qui l'a renouvelé trois fois de suite malgré la limitation instaurée par la Constitution de 1989», souligne Sid Ahmed Ghozali selon lequel on braque trop les projecteurs sur un homme, «comme si c'était pour le désigner comme étant le seul responsable, comme si on concoctait dans quelque officine la préparation d'un bouc émissaire à offrir en pâture à la rue, dans l'éventualité où celle-ci se mettrait à bouger».
L'ex-chef de gouvernement sous Chadli Bendjedid trouve cette focalisation sur la personne du Président «suspecte», en ce sens qu'elle consiste à jouer de la maladie de l'homme «pour détourner les projecteurs et donc les regards d'un système politique dont la maladie, cachée celle-là, représente le problème le plus grave, un système usé jusqu'à la corde, une machinerie qui roule sur les jantes et qui refuse de tirer les conséquences de ses tragiques échecs».
Pour ces raisons, Sid Ahmed Ghozali considère inopportune la démarche autour de l'article 102. L'ex-chef de gouvernement ira encore plus loin en se demandant «pourquoi maintenant et pas il y a quatre ans et même avant? puisque c'est depuis la première hospitalisation de 2005 à Paris que la santé du Président n'était notoirement plus au niveau de ses lourdes charges». «Je ne m'associe pas à une initiative qui me paraît reposer sur un bien possible décalage entre l'analyse et la réalité politique. Je ne peux être suspect de complaisance : premier opposant politique en 1999, je le demeure», assure-t-il.
Interrogé sur le rôle de l'armée dans le jeu politique actuel et la succession, Sid Ahmed Ghozali estime qu'il reste important. Pour lui, il ne suffit pas que certains porte-parole de l'institution dénient le plus officiellement du monde toute implication de l'armée dans la politique pour y croire. Mais Sid Ahmed Ghozali ne pense pas que la question de la succession puisse être réglée par deux ou trois hommes «si proches soient-ils du Président, si haut placés soient-ils dans l'oligarchie».
Cela parce qu'on est dans «un système qui s'est intronisé, sédimenté, ramifié, sur plusieurs décennies, en un appareil de centaines de milliers d'acteurs». Aussi, il estime que ce ne sont pas les militaires qui dirigent le pays. «J'ai conscience que ce que je dis va à contre-courant de la thèse communément admise», souligne Sid Ahmed Ghozali.


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