Algérie

« La stratégie sécuritaire du pouvoir a échoué »



La stratégie sécuritaire du pouvoir ' Un « échec », selon Maître Ali Yahia Abdenour. Le président d'honneur de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) a estimé, dans une interview publiée hier par le quotidien El Khabar, que la série d'attentats meurtriers perpétrés ces dernières semaines par le GSPC a démontré l'échec cuisant de la stratégie sécuritaire du pouvoir. « La grande offensive, dit-il, menée par le groupe salafiste dans plusieurs régions du pays, avec des moyens importants et en ciblant les forces de sécurité en particulier, ne peut que nous faire douter de cette stratégie. » Un échec qui s'explique, selon Ali Yahia Abdenour, par le fait qu'« elle soit dénuée de prolongement et de perspectives politiques ».Le groupe salafiste « bénéficie de soutiens au sein de la population et de jeunes adolescents n'hésitent pas et frappent encore aux portes du maquis ». La multiplication des opérations suicide, méthode adoptée par le GSPC depuis le 11 avril 2007, peut, selon l'avocat, « renverser » tout l'édifice sécuritaire. Pourtant, fait remarquer Ali Yahia Abdenour, les moyens humains, financiers et logistiques dont disposent les services de sécurité « sont énormes ». Les résultats le sont en revanche beaucoup moins. « En 1990, les forces de police ne dépassaient pas les 21 000 hommes ; ils sont aujourd'hui près de 200 000. La gendarmerie disposait de 16 000 hommes ; à présent elle avoisine les 120 000 hommes, et les résultats nous les connaissons », déclare l'ancien président de la LADDH. Preuve, selon lui, que le traitement sécuritaire de la crise a atteint ses limites : « Il ne suffit pas de changer de stratégie sécuritaire, c'est le pouvoir qu'il faudrait changer. » L'échec est également celui du projet de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, tel qu'il est voulu et pensé par le président Bouteflika. « Les impacts psychologiques recherchés par le Président à travers son projet n'ont pas eu lieu.La réconciliation nationale n'a entraîné ni la reddition complète des groupes armés et la présentation des terroristes entièrement soumis devant les commissions de probation ni la fin de la guerre parce que plus personne n'était là pour la faire ('). Quel échec peut être plus grand que celui de savoir que de nombreux groupes armés écument toujours les maquis sous la bannière des groupes salafistes. » La réconciliation nationale s'est contentée de traiter le volet sécuritaire de la crise et ne s'est pas mue en « projet politique », regrette le défenseur des droits de l'homme. La lutte antiterroriste, explique Ali Yahia, se doit d'être précédée d'un traitement en amont des « origines » de la violence. Une violence née de la « confiscation du pouvoir » par le régime en place.Invité à s'exprimer sur le projet de révision constitutionnelle, Me Ali Yahia Abdenour réitère son opposition. « Vladimir Poutine disait qu'il ne serait aucunement ''juste'' ni ''réaliste'' de réviser la Constitution pour satisfaire à la volonté d'un seul homme (...). Je dis que lorsque le parcours d'un homme politique arrive à son terme et que son mandat expire, il ne doit pas forcer le destin et rajouter à la constitution un autre chapitre », répond l'avocat. « Et si troisième mandat il y a, enchaîne-t-il, beaucoup le soutiendront certainement et Bouteflika pourrait dire comme le roi d'Espagne, ''il n'y a pas d'abus de pouvoir dans ce royaume, mais un abus d'allégeance''. Le président rempilant pour une troisième mandature, c'est un scénario plus que plausible. » Abdelaziz Bouteflika, conclut Me Ali Yahia, tient en horreur « l'idée qu'un autre lui succède de son vivant ('). Il demeurera maître du jeu jusqu'aux derniers instants. »


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