Algérie

La stratégie du vide



C?est une Algérie plus que jamais normalisée qui s?apprête à entrer dans une longue période d?hibernation politique appelée à durer jusqu?aux premiers frémissements de la présidentielle d?avril 2009. C?est pratiquement une année et demie de vide qui attend le pays où ce qui fera office de vie politique se limitera au seul discours officiel et aux faits et gestes du président de la République. Ce sera au gouvernement Belkhadem, reconduit pour cela, de gérer ce vide, un exercice d?équilibriste qui consistera, avec du rien, à donner l?illusion du changement à une population désabusée. L?élection communale de l?automne 2007 ne pourra tout au plus que redistribuer quelques cartes au niveau local mais sans aucun impact sur le champ politique national. Un éventuel réaménagement de la Constitution servira davantage à conforter le régime en le dotant de nouveaux instruments de contrôle que de démocratiser la sphère politique nationale. Comme il ne représente qu?un tiers à peine des Algériens, le Parlement est condamné à traîner son illégitimité comme un bagnard son boulet. Les forces sont piégées en son sein : l?Alliance présidentielle n?est plus que l?ombre d?elle-même et l?opposition institutionnelle est trop fragile et fragmentée pour pouvoir jouer un rôle quelconque. Faire entendre sa voix sera déjà, pour elle, un dur exercice. Seul donc le président de la République est sorti indemne du scrutin fatal du 17 mai, bien que le système qu?il a mis en place ait été ébranlé : il est le seul dans le pays à bénéficier d?une légitimité politique entière et totale face au Parlement diminué et divisé. Ce nouveau poids qui s?additionne aux prérogatives exorbitantes déjà entre ses mains font de lui la pièce centrale, maîtresse et incontournable du pays. Qu?en fera-t-il alors qu?il s?apprête à achever son second mandat ? Deux choses. La défense de son bilan global depuis 1999 en privilégiant la réconciliation nationale et les dépenses d?équipement effectuées grâce à l?argent du pétrole. Ensuite la préparation d?une troisième réélection ou d?une succession contrôlée à sa personne. Et pour ce faire, il sera juge et partie : aucune force politique ou sociale organisée ne sera en mesure de lui porter la contradiction et de contester ses choix. Le régime Bouteflika sera apprécié par le régime Bouteflika. On comprend alors le choix de la stratégie du vide.


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