Algérie

La stratégie des couvercles



C?est de l?histoire morte, dans le sens où les gouvernants ne veulent pas en entendre parler. En octobre 1988, des centaines de jeunes manifestaient leur colère contre un système dirigiste, fermé et corrompu, qui crée de la pénurie, des cauchemars et du mépris. Résultat, les forces de sécurité tirèrent dans la foule, torturant les survivants dont certains n?avaient que 15 ans. Quelques jours après, on mit un grand couvercle sur le puits et le régime offrit quelques pensions pour se faire pardonner. Mais ne se remit jamais en cause. En 1992, l?histoire s?inverse et ce sont des centaines de jeunes qui se mettent à tirer sur les forces de sécurité, tuant et blessant, torturant les survivants. Les jeunes d?octobre étaient devenus islamistes et tirèrent les premiers cette fois-ci. On tenta encore de mettre un couvercle sur le puits et là aussi, le régime offrit plus tard des pensions aux repentis, suivant une vieille stratégie : « On paye pour avoir la paix. » Pour continuer à exister surtout. Couvercle et argent peuvent-ils tout effacer ? Non, mais avec le recul, la question se pose : y a-t-il une continuité historique entre les émeutes d?octobre et l?apparition du terrorisme ? Les uns disent que non, l?islamisme étant une idéologie à part entière qui n?a à voir ni avec la révolte ni avec la jeunesse. Les autres disent que oui, les frustrations menant à tout, même à endosser l?habit islamiste pour combattre le régime. Avec le recul du recul, on comprend bien que si l?islamisme est un fléau à éliminer au même titre que le cancer ou le choléra, le véritable ennemi est le régime, antidémocratique, féodal et qui ne se remet jamais en cause. Avec le recul du recul du recul, un jeune torturé en 1988 peut-il monter au maquis en 1992 ? Des excuses officielles du régime auraient-elles pu l?en empêcher ? Où est la vérité ? Dans le puits, sous le couvercle.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)