Algérie

La stratégie de la terreur du régime pour mater le Hirak



La confrontation hirak-pouvoir entre, depuis quelques semaines, dans une phase inquiétante. Face à la détermination du mouvement populaire à poursuivre le combat pour l'avènement d'une nouvelle Algérie démocratique, les tenants du pouvoir en place, exaspérés par le rejet de leur feuille de route, passent à la répression.La stratégie de la terreur est lancée depuis plus de trois mois : arrestations musclées, incarcérations massives de manifestants et tentatives d'interdiction de marches, qui s'ajoute au verrouillage sans précédent des champs politique et médiatique.
En effet, le pouvoir en place semble décidé à passer à la vitesse supérieure pour mater le hirak en vue de réussir le rendez-vous électoral du 12 décembre prochain, qualifié de passage en force. Les grandes lignes du plan du régime se dessinent avec, notamment, la multiplication des arrestations des manifestants et les «kidnappings» des militants politiques et associatifs.
Les personnes arrêtées sont ensuite présentées devant les tribunaux qui leur collent des accusations disproportionnées, de l'avis des avocats et des juristes, pour les maintenir en détention et en faire, comme l'affirment de nombreux acteurs politiques, des «otages».
Les prisons, notamment à Alger, sont peuplées déjà de manifestants et de militants qui sont, pourtant, sortis pour exiger la satisfaction des revendications du hirak, portant sur l'instauration d'un Etat de droit et d'une véritable démocratie. Plus de 100 personnes sont placées sous mandat de dépôt.
La liste risque de s'allonger dans les prochains jours. L'attitude des forces de police à l'occasion de la marche des étudiants, mardi dernier, le confirme. Outre l'usage de la violence contre des manifestants, cinq personnes, dont un étudiant très actif dans le mouvement estudiantin, à savoir Fouad Bachen, ont été arrêtées, gardées à vue et présentées, hier matin, devant le procureur de la République près le tribunal de Bab El Oued.
Ce dernier les a placées sous contrôle judiciaire pour des chefs d'inculpation de «désobéissance», «attroupement non armé» et «atteinte à l'ordre public». Dans la même journée, d'autres jeunes arrêtés à Oran et à Constantine ont été présentés devant les juges.
L'un d'entre eux, Amazigh Semmani en l'occurrence, a été condamné à une année de prison ferme pour «profanation du drapeau national» sur la base d'une photo trouvée par les policiers dans son téléphone portable. Les arrestations et les incarcérations des participants au hirak ont pris de l'ampleur depuis le mois de juin dernier, sous divers prétextes.
Dans une volonté de diviser le mouvement, le pouvoir a inventé un «délit» qui n'a aucune existence dans le code pénal algérien : le port de l'emblème amazigh. Des dizaines de jeunes ont été placés en détention et maintenus en prison pour ce chef d'inculpation imaginaire, que des juges à Annaba, Batna et Constantine ont prouvé qu'il est tout simplement nul et non avenu.
Comme ce subterfuge n'a pas eu l'effet escompté, les autorités sont passées à une autre étape : cibler les éléments les plus actifs du mouvement. C'est ainsi que des militants de l'association RAJ et des activistes politiques très présents dans les marches depuis le 22 février dernier ont été victimes d'arrestations arbitraires et de poursuites sur la base de dossiers vides, selon les avocats.


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