Algérie

«La stérilité touche 12% de la population en âge de procréer»


Gynécologue, spécialiste en médecine de la reproduction et directrice du centre de PMA Tiziri, docteur Amina Hadjadj Oumeziane revient dans cet entretien sur la pratique de la PMA en Algérie. Elle conseille à l'occasion les couples ayant des problèmes de stérilité de recourir aux centres de la PMA afin d'éviter les détours.Des couples recourent de plus en plus à la procréation médicalement assistée. Pensez-vous que le problème de stérilité prend de l'ampleur dans notre société. Si la réponse est oui, quels sont les facteurs qui favorisent cet état de fait '
En effet, la stérilité est une maladie et un phénomène social qui gagnent du terrain au fil des années. Aujourd'hui, elle touche 12% de la population en âge de procréer. De plus en plus de couples consultent pour un retard à la conception, depuis l'ouverture des cliniques de PMA.
De par le monde, il y aurait une tendance à l'augmentation de l'incidence de la stérilité due à plusieurs facteurs environnementaux connus pour leur effet de perturbateurs endocriniens, à savoir certains composants chimiques : paraben -triclosan-BPA que l'on trouve dans les emballages en plastique, certains produits de toilette (gels douche, shampooings, dentifrices, déodorants...), maquillages, produits d'entretien, aussi les pesticides utilisés dans l'agriculture, certains produits alimentaires, la pollution de l'air, le tabagisme ...
Des cliniques privées spécialisées en PMA se multiplient en Algérie, alors que certains couples sont complètement égarés. Leur répartition géographique permet-elle de prendre en charge les couples en quête d'enfants ' L'information concernant ces cliniques est-elle suffisamment diffusée ' Cette info arrive-t-elle réellement aux personnes concernées '
Nous assistons depuis la fin des années 90 à l'ouverture de cliniques de PMA privées, à ce jour, nous recensons 18 cliniques réparties ainsi : 9 à Alger, 4 à l'Ouest (2 à Oran, 1 à Mostaghanem et 1 à Chlef ) 4 à l'Est (1 à Annaba, 1 à Constantine, 1 à Sétif et 1 à Bordj) 1 au Sud (Ghardaïa), à ces cliniques s'ajoute l'unité de PMA rouverte depuis 2013 au CHU Nefissa Hammoud, ex-Parnet.
La capacité de prise en charge des couples diffère d'une clinique à une autre, voire d'une localité à une autre. S'il est vrai que le Nord est la principale localisation de la population algérienne, est bien loti, le Grand-Sud, par contre, reste dépourvu de telles structures.
La pratique de la PMA requiert, par ailleurs, la présence d'une équipe pluridisciplinaire spécialisée (gynécologues pharmaciens ou médecins biologistes, embryologistes, biologistes endocrinologues, urologues et psychologues), soit un staff omniprésent dans des structures répondant aux normes exigées, figurant dans le cahier des charges visé par le ministère de la Santé.
En définitive, une telle structure ne peut être présente que dans les grandes agglomérations, en attendant une plus large couverture. Par ailleurs, le problème ne réside pas dans le nombre de structures, étant donné que certaines d'entre elles ne fonctionnent pas à plein régime, il est dans l'impossibilité qu'ont certains couples algériens à accéder à ces techniques de PMA, compte tenu des coûts élevés de ces dernières, car non prises en charge par la Sécurité sociale.
En tant que première fondatrice de la Société algérienne de la reproduction, quel regard portez-vous sur la prestation des cliniques privées en Algérie '
Au plan information, il reste beaucoup à faire, le rôle des médias est inéluctable, promouvoir l'information de la PMA jusque dans les foyers est l'affaire des professionnels de la communication et celle des professionnels de la santé.
Certains couples dénoncent l'attitude de médecins qui les ont fait traîner. Ce qui leur fait perdre des chances d'avoir des enfants...
Je rends hommage aux cliniques privées qui ont eu le courage d'ouvrir leurs portes aux couples algériens à la fin des années 1990, reprenant ainsi le flambeau du docteur Ftouki, père du premier bébé né par fécondation in vitro en Algérie au début des années 1990 au CHU Nefissa Hammoud.
Bon nombre de cliniques de PMA offrent des prestations médicales qui n'ont rien à envier aux cliniques étrangères, disposant d'un encadrement efficace, de moyens et de technologies nouvelles et performantes, et ce, à des coûts, certes élevés pour le citoyen algérien, il n'en demeure pas moins que le coût de la tentative de FIV reste l'un des plus bas au monde.
Quels conseils donnez-vous aux couples qui souffrent de stérilité, notamment ceux dont les femmes sont en âge plus ou moins avancé '
Le conseil que je donne à tous les couples qui recourent à la PMA est de le faire tant que la femme est jeune, la PMA ne devrait pas être le dernier recours, les chances de grossesse baissent de façon considérable au fur et à mesure que la femme avance en âge.
Le recours aux soins à l'étranger est actuellement en vogue. Le tourisme médical touche pratiquement toutes les spécialités, notamment la PMA. Pourquoi, à votre avis, les Algériens ont recours aux structures de santé étrangères, sachant que cela leur engendre des surcoûts en matière de soins ' Quel sont les risques que présentent ces aventures du point de vue médical '
C'est une question que vous me posez et que je me pose tous les jours, mais je ne trouve aucun cas rationnel à cela, nous disposons de cliniques de PMA qui n'ont rien à envier aux cliniques étrangères, tant sur le plan de structures équipements, technologies et surtout compétence des équipes médico-biologiques, de surcroît, les coûts sont nettement plus bas que ceux pratiqués à l'étranger.
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