Algérie

La statue de M’lou à Mila



La statue de M’lou à Mila
La statue de M’lou à Mila,
Témoin silencieux d’une histoire millénaire
. C’est la plus grande statue au monde en marbre blanc sculpté en un seul bloc, mesurant 2.90 m de hauteur et 1.70 m de largeur, découverte en 1880, au lieu portant son nom «Jenane M’lou» dans le vieux Mila par Goyt, un officier de l’armée française lors des fouilles effectuées
Statue du M'lou. Mila.
La statue de M’lou à Mila, témoin silencieux d’une histoire millénaire
La statue de M’lou, une œuvre en marbre représentant une femme assise dans une position auguste et dont les formes rappellent quelque fabuleuse sirène mythologique, est l’un des témoins silencieux de l’histoire millénaire de la ville de Mila. Selon un avis autorisé, en l’occurrence celui de M. Amar Nouara, archéologue et responsable local de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés (OGEBC), l’importance de ce vestige provient avant tout du fait qu’il constitue "la plus grande statue de marbre blanc dans le monde à être découverte en une seule pièce". Mesurant 2,90 m de hauteur et 1,70 m de large, cette statue a été découverte en 1880 par un officier français à la suite de fouilles. Le marbre blanc léger de la statue de M’lou, vocable qui signifierait "ombre" en Tamazight, serait de même nature que celui extrait actuellement de la carrière de Filfila à Skikda. De même que la qualité de la sculpture dénote une grande maitrise du travail du marbre dont la qualité est également exceptionnelle pour avoir résisté pendant des siècles aux assauts du temps. Une délégation scientifique de la ville américaine de Boston, conduite par le directeur du musée de cette ville, qui avait visité Mila en mai 2008 dans le cadre d’une étude sur les sources du marbre en Algérie, s’était d’ailleurs "beaucoup intéressée" à la texture du marbre de cette statue et les résultats de ses recherches seront "bientôt publiées", selon M. Nouara. Un livre ouvert sur une lointaine période historique. Des spécialistes français voient en cette statue une représentation du dieu Saturne. Ils étayent cet avis par les vestiges funéraires découverts à proximité du lieu où elle a été découverte et qui porte aujourd’hui le nom de "Jardin de Milo". D’autres théories penchent pour l’hypothèse que la statue représenterait une reine qui gouvernait Mila avant l’arrivée des romains, c’est-à-dire à l’époque numide, et qui avait été déifiée par la population qui l’a élevée au statut de "protectrice de la ville". Les partisans de cette théorie justifient leur point de vue par le fait que cette statue –aujourd’hui déplacée, trône au centre de l’ancienne caserne de la ville— se dressait au milieu du Forum où se trouvaient tous les édifices représentant l’autorité de l’époque. La compréhension du sens représenté par la statue de Milo constitue, selon M. Nouara, une "clé" pour comprendre la problématique des conditions de la fondation de la ville de Mila et donnerait de précieux renseignements sur la période dite transitoire qui remonte à l’aube de l’Histoire, soit quelque 8 siècles avant Jésus-Christ. Cette statue a d’ailleurs été incluse dans la liste des vestiges archéologiques établie par l’OGEBC qui veille à sa protection en attendant la construction d’un musée à Mila, une structure devenue "une nécessité incontournable pour sauvegarder les nombreuses pièces archéologiques que renferme l’antique Milev". De nombreux vestiges historiques de valeur, notamment des gravures puniques, grecques et latines, demeurent en effet abandonnées dans le jardin public de la ville, soumis aux aléas du temps et au vandalisme des hommes dans l’indifférence générale des responsables et des habitants. A en croire des spécialistes, Mila est la deuxième ville d’Algérie, après Constantine, à renfermer le plus de gravures anciennes, puniques notamment. M’lou à l’abri dans un musée, c’est le symbole de tout un patrimoine qui serait mis en valeur et aussi tout un pan de l’histoire milévienne qui serait préservé des méfaits conjugués du temps qui passe et de l’inconscience avérée des hommes.
Le Midi Libre du 18/10/2009.


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