La Bourse d'Alger
Plus de 15 ans après son lancement timide, la Bourse d'Alger demeure déconnectée du monde économique.
Le secteur boursier en Algérie est très en retard. La léthargie de la Bourse d'Alger, créée en 1997 sous la contrainte de recommandations du FMI, est très longue et risque de l'être encore. Il est loin d'atteindre le cap ne serait-ce que celui du niveau du marché de nos voisins immédiats, la Tunisie et le Maroc. Il est caractérisé par son très faible niveau de développement, d'ouverture et d'innovation, contrairement à ce que l'on constate ailleurs, notamment en France. Dans ce contexte, un décret exécutif vient d'être publié dans le Journal officiel approuvant les modalités de ce règlement de la Cosob relatif au règlement général de la Bourse des valeurs mobilières.
Plus de 15 ans après son lancement timide, la Bourse d'Alger demeure déconnectée du monde économique. Elle ne compte actuellement que 5 entreprises dont 4 publiques et n'a réussi à attirer que quelques milliers d'actionnaires. Les règles qui régissent les places boursières sont basées sur la validation de comptes comptables. Or, combien d'entreprises dont la majorité sont déficitaires possèdent des comptes «sincères»' En l'état actuel de leurs comptes, très peu d'entités économiques seraient, conformément aux standards internationaux, éligibles à une introduction en Bourse. «Comment voulez-vous créer une Bourse dans un environnement économique dominé par l'informel où le trafic draine plus de 13 milliards de dollars et un climat d'affaires des plus contraignants'», s'est interrogé le Pr Abderrahmane Mebtoul, expert en management stratégique. Sachant que la privatisation des entreprises publiques est bloquée depuis 2007. Idem pour le problème des titres de propriété qui n'est pas encore résolu, alors que ces titres doivent circuler en Bourse.
Ces titres de propriété doivent être clairement codifiés en parts d'actions et circuler librement. Sans une comptabilité transparente reposant sur des centres de coûts clairs (comptabilité analytique inexistante dans la majorité des entreprises), il est impossible de dynamiser la Bourse des valeurs, explique-t-il. Selon M.Mebtoul, la dynamisation de la Bourse d'Alger passe forcément par la refonte du système financier algérien. Du fait que l'on a affaire à une économie de nature publique où la totalité des activités se nourrissent de flux budgétaires. C'est-à-dire que l'essence même du financement est liée à la capacité réelle ou supposée du Trésor. La position et l'état actuel du marché financier ne favorisent pas le développement de liens et de connections de la Bourse avec le monde des affaires. Ces liens et connexions ne peuvent se réaliser sans l'intéressement et la mobilisation de nouveaux acteurs professionnels pour réaliser un programme national d'émission de titres (banques, assurances, EPE / Spa, groupes privés, PME,) afin d'atteindre une masse critique permettant la viabilité du marché et l'autofinancement des investissements, d'après le Dr Omar Berkouk, expert financier international. Car, l'important pour une Bourse, est le nombre d'acteurs fiables au niveau de ce marché pour l'instant limité. Aujourd'hui, on constate que deux grandes entreprises publiques, Sonatrach et Sonelgaz, et bon nombre de grandes entreprises privées qui ont des capacités managériales indéniables, ne sont pas cotées en Bourse. Cela est dû, selon certains analystes à «l'opacité et la faiblesse des managements stratégiques liés à la faiblesse de la gouvernance globale», deux facteurs qui ne militent donc pas pour l'instant pour une dynamisation de la Bourse d'Alger».
Le développement est d'autant impossible, dit-il que «les domaines ne sont même pas informatisés». L'inexistence de véritable économie de marché, non pas celle de bazar ou de monopole, explique la stagnation de la Bourse d'Alger depuis sa création. En fait, la raison essentielle de la léthargie renvoie à la politique économique dans sa dynamique elle-même liée au mode de gouvernance. L'Algérie est dans cette interminable transition depuis 1986: ni économie de marché, ni économie administrée. Enfin, il faut dire que 90% des entreprises privées algériennes sont de type familial sans aucun management stratégique, et que 85% d'entreprises publiques et privées ne maîtrisent pas les nouvelles technologies d'information. La majorité des segments privés et publics vivent grâce aux marchés publics octroyés par l'Etat, via la rente, L'enquête récente de l'ONS 2012 montre clairement que 83% du tissu économique sont dominés par les petites activités de commerce et de services, les véritables entrepreneurs créateurs de richesses représentant moins de 20%.
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Posté Le : 14/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed BOUFATAH
Source : www.lexpressiondz.com