Algérie

«La stabilité et la sécurité de la région dépendent des réformes démocratiques»



« La vision exposée par le président Obama dans son discours est que la stabilité et la sécurité dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord dépendent réellement des réformes démocratiques et que le statu quo dans cette région n'est plus tenable et n'apporte pas la sécurité», a déclaré jeudi Mme Tamara Wittes, sous-secrétaire adjointe pour les Affaires du Proche-Orient.

Ces propos ont été tenus lors de la conférence de presse «virtuelle» qui a été organisée, jeudi, à partir de Washington par Mme Wittes, immédiatement après la fin de l'allocution du président Obama sur ??le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, pour répondre aux questions de journalistes de plusieurs pays de la région dont l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, le Yémen, la Palestine, Israël, le Koweït et la Jordanie.

«Je voudrais d'abord préciser que dans son discours, le président Obama essayait d'entrevoir une vision pour la région définie par les habitants de cette région qui ont levé leurs voix pour faire connaître leurs revendications pour la liberté, la dignité et des perspectives d'avenir», a déclaré Mme Wittes en introduction de sa conférence de presse.

Selon elle, «les aspirations des peuples du Moyen-Orient sont universelles» et les Etats-Unis ne peuvent «qu'accueillir favorablement ces changements en cours».

Résumant l'intervention d'Obama, Mme Wittes estime qu'il a évoqué «le soutien des Etats-Unis aux réformes politiques engagées par les pays en transition démocratique en Afrique du Nord et au Moyen-Orient». «Il a parlé de l'importance et de la nécessité de soutien à des réformes économiques pour créer de véritables opportunités de développement pour les citoyens de la région, ainsi que lutter contre la corruption et promouvoir la transparence. Et finalement, il a insisté sur l'important rôle des Etats-Unis dans la promotion de la paix dans la région et spécialement entre Israéliens et Palestiniens».

A une question sur les aides économiques envisagées pour les pays en transition démocratique, la conférencière a estimé que «les aspirations des peuples de la région sont d'ordre politique mais également économique». «Nous devons soutenir le développement économique en Tunisie, en Egypte et dans les pays qui Å“uvrent à mettre en place un système démocratique, afin qu'ils puissent avoir un accès plus important aux marchés américain et européen. Nous essayerons de promouvoir l'investissement par des entreprises américaines dans les pays de la région et spécialement en Tunisie et en Egypte».

Mme Wittes a indiqué que l'organisme américain «Overseas Private Investment Corporation» (OPIC) va consacrer un montant de 2 milliards de dollars pour «soutenir les investissements du secteur privé, qui créeront des emplois et généreront de la croissance dans ces deux pays en transition et dans la région».

En quoi serait différente l'approche d'Obama de celle de Bush en matière de sécurité ? Pour Tamara Wittes, Obama considère que la stabilité et la sécurité dans la région dépendent réellement des réformes démocratiques. «Le statu quo dans cette région n'est plus tenable et n'apporte pas la sécurité», a-t-elle ajouté à ce propos.

«Si nous voulons continuer à lutter contre l'extrémisme, défendre la sécurité de nos alliés, ainsi que protéger le commerce international et l'approvisionnement énergétique, nous avons besoin de travailler pour les changements démocratiques qui vont apporter la stabilité dans la région», a-t-elle assuré. Ajoutant que les changements en cours dans la région «sont dans l'intérêt des Etats-Unis». «Nous devons soutenir ces changements par nos moyens diplomatiques», a-t-elle ajouté.

La diplomate explique, en réponse à une question sur le choix du lieu (département d'Etat) du discours de jeudi, qu'Obama a voulu s'adresser «aux jeunes générations des diplomates américains» pour leur dire «voici le futur du Moyen-Orient, voici le futur de leur carrière de diplomates». Selon Mme Wittes, cette nouvelle génération de diplomates américains «est appelée à déployer les outils de la diplomatie publique vers la société civile, et travailler pour soutenir le partenariat et les entrepreneurs, et les aspirations des peuples de cette région dont l'avenir dépend de ses citoyens et non d'une quelconque partie extérieure».

Interrogée sur l'accord inter-palestinien, signé entre le Fatah et le Hamas, pour la formation d'un gouvernement de technocrates, la diplomate affirme que les Etats-Unis attendent que ce gouvernement ait «une position constructive pour le processus de paix», qu'il s'engage à «rejeter la violence» et à «respecter les accords signés dans le passé entre les Israéliens et les Palestiniens», ainsi qu'à s'engager à «reconnaître le droit de l'existence d'Israël». Mais, ajoute-t-elle, «nous attendons de voir comment sera formé ce gouvernement palestinien, et pour quelle politique va-t-il opter, avant d'adopter une position définitive».

A la question de savoir comment les Etats-Unis vont procéder pour aider les pays de la région pour lutter contre la corruption et amener les gouvernements à des pratiques transparentes, Tamara Wittes affirme qu'il y a plusieurs manières pour y arriver. Il s'agira, selon elle, de «travailler avec des organisations internationales sur des standards internationaux de lutte contre la corruption, avec les gouvernements qui souhaitent mettre en place des mesures fortes pour la transparence et la responsabilité (accountability), ainsi qu'avec les organisations de la société civile impliquées dans la lutte contre la corruption».

Quelle sera la position des USA si les Frères Musulmans arrivaient au pouvoir en Egypte ? A cette question, Mme Wittes répond : «Dans son discours d'aujourd'hui, et dans celui prononcé au Caire il y a deux ans, le président Obama avait expliqué ce que signifiait d'être un acteur dans un processus démocratique. Cela sous-entend d'être contre l'usage de la violence et de respecter les règles du jeu démocratique aussi bien avant qu'après les élections. Il est aussi question de respecter l'égalité pour tous devant la loi y compris pour les minorités et les femmes. Ces critères sont applicables pour l'ensemble des acteurs de la démocratie, qu'ils soient islamistes ou laïcs. Et ce sont ces critères, qui sont fondamentaux pour une démocratie durable, que nous voudrions voir adoptés dans la région», a-t-elle conclu.

Enfin, interrogée sur les réformes politiques annoncées par le président Bouteflika, la sous-secrétaire adjoint pour les Affaires du Proche-Orient estime que ce soit «pour l'Algérie ou pour les autres pays de la région, les Etats-Unis attendent la mise en Å“uvre de ces promesses, mais également de voir comment ce processus est mené, et si tous les acteurs politiques pacifiques ont une voix et une part dans ce processus».




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