Algérie

«La stabilité du pays était la priorité du général»



Le défunt vice-ministre de la Défense a géré la crise que traverse l'Algérie de manière «professionnelle» sur les plans politique et militaire et a pris des décisions politiques qui «ont sauvé le pays». C'est ce qu'affirme l'analyste politique, spécialiste des questions de géopolitique, Ramdane Hamlat.Rym Nasri - Alger (Le Soir) - «Dès le début du Hirak, Ahmed Gaïd Salah avait l'opportunité d'être à la tête de la République comme l'a fait le chef de l'Etat égyptien, mais il a refusé», assure Ramdane Hamlat. Pour lui, le défunt chef d'état-major de l'Armée nationale populaire ne pouvait être autre que militaire puisqu'il était réputé pour être «un homme militaire au sens propre du mot». Intervenant hier mardi, à l'émission «L'invité de la rédaction» sur les ondes de la Radio Chaîne 3, l'analyste politique spécialiste des questions de géopolitique a souligné que Ahmed Gaïd Salah a tenu, depuis le début du Hirak, le même discours, celui du respect des institutions de l'Etat, de la Constitution, des lois de la République et du peuple algérien. Selon lui, il avait révélé ses intentions dès le début de la crise. Il rappelle ainsi que le général de corps d'armée avait affiché son soutien au peuple algérien et son accompagnement du Hirak lors de son deuxième discours à partir de Ouargla. Il avait également reconnu que les revendications du peuple qui refusait un 5e mandat puis la prolongation du 4e mandat étaient claires et légitimes. «Par crainte que la situation ne dégénère, Gaïd Salah a pris la décision de mettre en application l'article 102 de la Constitution qui a été suivie d'ailleurs par la démission du Président déchu. Cette décision politique a sauvé l'Algérie», note-t-il. L'invité de l'émission de la radio a également évoqué l'adhésion du vice-ministre de la Défense à la revendication du peuple qui avait demandé à ce que les «pilleurs» de l'argent public soient punis. En réponse à cette réclamation, «la justice et les services de sécurité ont mené un travail titanesque afin de présenter toute personne impliquée dans des affaires de détournement d'argent et de vol. C'est ainsi que plus de 1 000 cadres algériens ont été emprisonnés, deux ex-Premiers ministres présentés devant la justice, le frère du Président déchu condamné à 15 ans de prison et des généraux-majors condamnés à des peines de prison lourdes», précise-t-il. Qualifiant cette décision de «courageuse», Ramdane Hamlat fait remarquer que le pouvoir algérien subissait, non seulement une pression intérieure mais aussi une pression extérieure.
Selon lui, en refusant de prendre le pouvoir, Ahmed Gaïd Salah a épargné à l'Algérie une intervention étrangère, citant l'exemple de l'Egypte. «Il a fait de la stabilité du pays une priorité. L'Algérie est une ligne rouge. C'était un message clair destiné aux étrangers qui veulent s'ingérer ou bien avoir, ne serait-ce qu'une petite partie du pouvoir algérien de leur côté. Il a ainsi fermé ses portes. Il visait particulièrement la France qui s'ingère trop dans nos affaires intérieures et nos affaires politiques», détaille-t-il. Par ailleurs, l'analyste politique spécialiste des questions de géopolitique a indiqué que le défunt chef d'état-major fait partie de ceux qui ont amorcé la modernisation de l'institution militaire. «Depuis qu'il est à la tête de l'ANP, il a entamé beaucoup de réformes sur le plan de la gestion du personnel, des finances, de la formation et de la modernisation de notre armée. Il a d'ailleurs équipé l'armée de système d'armes très sophistiqué et de dernière génération», précise-t-il.
Ry. N.


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