Algérie

La spécialité n'est pas un domaine fermé



? «L'interdisciplinarité entre la littérature, la philosophie et la communication» est l'intitulé d'un Colloque international que vous avez organisé à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, pouvez-vous nous parler des recommandations de cette rencontre 'Les chercheurs participants et communicants ont recommandé l'organisation successive, chaque année, de ce colloque international porté sur «l'interdisciplinarité» et l'élargir à d'autres spécialités. Ils ont insisté aussi sur la publication des conférences présentées dans un livre spécifique au colloque.
Ils ont également suggéré la création d'une revue intitulée L'interdisciplinarité, l'ouverture d'un laboratoire de l'interdisciplinarité et l'installation d'une bibliothèque numérique spécialisée, ainsi que l'orientation des étudiants et des chercheurs à réaliser des travaux sur ce domaine.
? Quels sont, selon vous, les blocages qui empêchent l'interdisciplinarité entre les filières en question '
L'interdisciplinarité se base sur le traitement d'un thème, selon plusieurs angles, dans le but de réaliser la complémentarité entre plusieurs spécialités, afin de traiter une problématique.
L'obstacle principal qui entrave l'approche interdisciplinaire dans notre université est le regard archaïque porté sur la notion de spécialité. Ce regard considère la spécialité comme étant un domaine fermé. Cela engendre une hiérarchisation et une discrimination entre les matières à enseigner. En outre, on doit signaler le manque de prise de conscience sur le fait que l'enseignant-chercheur ambitieux doit avoir un profil interdisciplinaire.
L'interdisciplinarité entre la littérature, la philosophie et la communication est tout à fait possible en raison de la proximité concrète imposée par la réalité effective de ces champs épistémologiques. En effet, il ne peut y avoir de littérature sans philosophie et vice versa. En revanche, la communication concrétise le lien entre le MOI et l'autre, entre l'auteur et le lecteur, entre l'émetteur et le récepteur. Cela confirme l'unité entre ces trois disciplines.
? A travers ce genre de rencontres, les universitaires peuvent aboutir à une passerelle de recherche entre les spécialités des sciences humaines?Comment peut-on réaliser cet objectif '
Tout à fait, ce genre de rencontres ?uvre à instaurer une prise de conscience de l'importance de l'interdisciplinarité. Dès lors, on peut prétendre au développement des liens et des interactions entre les disciplines, surtout qu'il existe déjà dans l'institution universitaire une pluridisciplinarité des matières à enseigner.
A partir de ce stade, on peut aussi construire un début d'interdisciplinarité, à condition de ne pas considérer cette dernière comme un simple outil emprunté. Il faut la considérer plutôt en tant qu'interaction et travail commun en vue de répondre à une problématique scientifique spécifique.
? Il y a beaucoup de concepts communs entre ces spécialités, mais leur utilisation demeure toujours approximative ; pouvez-vous nous en expliquer les raisons '
Effectivement, il existe beaucoup de concepts communs entre ces spécialités, ce qui montre la fragilité des frontières entre ces spécialités dont on parle. Prenons l'exemple du concept «Texte» : littéraire, philosophique, électronique, le concept «Lecture» comme interaction entre le texte et le lecteur et comme interpellation du lecteur.
Prenant aussi l'exemple de «la polyphonie» et «la construction communicationnelle» qu'on trouve dans toutes ces spécialités. Cette proximité et cette interaction ont produit des phénomènes intellectuels, culturels, littéraires et communicationnels nouveaux tels que : le texte littéraire et philosophique numérique, les clubs intellectuels sur les réseaux sociaux et l'esprit numérique «l'ethos» dont Ruth Amossy a parlé et la représentation de soi évoquée par Goffman, montrant que l'image de soi se construit à travers différents termes et dans plusieurs situations communicationnelles afin d'attirer l'attention du lecteur/ récepteur / spectateur, dans ce contexte, on constate que beaucoup d'auteurs recourent à la création des sites personnels pour renforcer leur présence sur les réseaux sociaux. Face à cette réalité, les établissements scolaires et universitaires chez nous restent un peu loin d'accompagner ces changements, ce qu'interpelle l'importance de l'interdisciplinarité.


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