Algérie

La sous-traitance toujours à ses premiers pas En dépit de la multiplication des mesures



La sous-traitance toujours à ses premiers pas                                    En dépit de la multiplication des mesures
Photo :S. Zoheir
Par Smaïl Boughazi
La sous-traitance industrielle reste toujours l'un des créneaux les moins développés en Algérie, et ce, malgré le potentiel existant. Avec une commande publique qui se chiffre en milliards et des projets dans les différents secteurs d'activité, les petites et moyennes entreprises algériennes pourraient être le vrai moteur de cette activité à forte valeur ajoutée. Toutefois, pour différentes raisons, les grandes entreprises algériennes recourent toujours à l'importation pour assurer leur besoin en pièces de rechanges et en différents équipements. Le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, M. Mohamed Benmeradi qui s'est exprimé sur la question le semaine dernière, n'a pas mâché ses mots. Il a affirmé que la situation de la sous-traitance est «scandaleuse», notamment dans certains secteurs très actifs. Le membre du gouvernement a cité pour exemple la compagnie nationale Sonatrach qui importe, à elle seule, pour 1,5 milliard de dollars de pièces de rechange. Un chiffre qui représente des marchés pour éventuellement des centaines de PME algériennes. Toutefois, le recours à l'importation est parfois justifié. Les PME algériennes manquent d'expérience et de technologie, assure-t-on, en dépit de l'existence d'un gisement important au niveau de plusieurs branches d'activité, selon les spécialistes. On énumère notamment des secteurs comme l'énergie, la mécanique, l'agroalimentaire, le bâtiment et les travaux publics qui sont en mesure de promouvoir les métiers de sous-traitance et rien que pour le secteur de l'énergie on pourrait créer près de 20 000 sous-traitants nationaux. Et c'est pourquoi un programme de mise à niveau ambitieux qui touchera, d'ici 2014, 20 000 entreprises a été lancé par le gouvernement. Benmeradi a même tenu à faire part de certaines avancées enregistrées ces derniers temps. «Une quarantaine de conventions ont été signées entre des PME algériennes et les entreprises nationales Sonatrach et Sonelgaz. Ces conventions concernent la fabrication localement de pièces mécaniques auparavant importées», avait déclaré le ministre. Mieux encore, selon le ministre, «la SGP Ecipag et les entreprises du secteur de la mécanique ont formalisé des conventions avec Sonatrach et Sonelgaz au titre de la sous-traitance» et une soixantaine d'entreprises privées et publiques spécialisées dans la mécaniques ont été identifiées à l'occasion d'une récente visite de responsables du constructeur automobile français Renault Algérie. La SNVI aussi travaille avec 544 sous-traitants dont 347 dans les activités de production et 200 autres dans les services. Le nombre des PME gravitant autour de cette entreprise publique en 1980 ne dépassait pas une dizaine.
Un potentiel et des manques à gagner
Ces actions démontrent que la volonté de développer ce créneau est là mais les choses avancent lentement. Le Conseil national consultatif pour la PME a, d'ailleurs, estimé que parmi ses priorités pour l'année prochaine, «l'approfondissement d'une sous-traitance réelle opérationnelle et pérenne». Cette action se concrétisera à travers «des études qui seront menées dans le souci d'une vision stratégique et globale et une identification plus précise des secteurs niches tel celui de l'aval des hydrocarbures», assure le président du conseil M. Zaïm Bensaci. Ce dernier a rappelé aussi les actions menées cette année, notamment des rencontres avec plusieurs départements concernés par la sous-traitance, la participation au premier salon inversé, organisé par la Bourse de la sous-traitance. Quant au tissu des PME en Algérie, il est utile de rappeler quelques données chiffrées du ministère de l'Industrie qui démontrent la nécessité de les associer dans la commande publique de manière à relancer cette activité économique. Au nombre de 650 000, les PME algériennes sont de nature privée à hauteur de 99,11 %. Les effectifs des PME sont évalués à 1 million 600 000 entre salariés et employeurs pour le secteur privé et 50 000 pour le secteur public, soit respectivement 97 % et 3 %. La mortalité des PME, rapportée à la création de telles entreprises, reste élevée. Durant le premier semestre de l'année en cours, pour 14 275 créations, il y a eu 2 615 radiations, soit plus de 21 %. La répartition par zones géographiques montre aussi un déséquilibre entre les différentes régions du pays. Enfin, certains résument ce retard de la sous-traitance en quatre points essentiels : la concurrence déloyale qui engendre l'importation et la mise sur le marché des produits à bas prix par rapport au coût de leur fabrication, le coût d'investissement assez conséquent pour l'achat d'équipements adéquats, en l'absence d'une politique pratique de soutien à ces opérateurs, le problème du foncier qui limite l'exploitation des zones à promouvoir dans le cadre de l'industrie, et l'existence d'un faible réseau de sous-traitance qui ne couvre pas l'ensemble des zones productives.


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