Algérie

«La sous-traitance politique n'est pas de notre ressort»



L es déclarations de Djamel Aïdouni, président du Syndicat national des magistrats (SNM), ont suscité une réaction violente de son secrétaire général, Camel Himeur et de son chargé des relations extérieures, Moussa Boussouf.
M. Aïdouni avait, lors d’une conférence de presse tenue la veille, «souhaité» la participation de l’organisation syndicale à «une éventuelle révision constitutionnelle».
Des propos qualifiés de «maladresse flagrante et de précédent gravissime» par Camel Himeur, secrétaire général du SNM. Tout en exprimant sa «stupéfaction», ce dernier précise que la déclaration de M. Aïdouni «constitue une violation du droit de réserve et n’a à aucun moment fait l’objet d’une discussion lors des réunions des instances du syndicat». Il explique qu’en droit, la révision constitutionnelle, si elle doit avoir lieu, est décidée à «l’initiative souveraine du président de la République, selon les termes et dispositions de l’article 174 de la Constitution en vigueur ou encore selon un avis émis par le Conseil constitutionnel, avis qui doit être motivé. Dans tous les cas, le président de la République est seul souverain pour annoncer de manière officielle un tel événement».
Pour lui «quand on parle de séparation des pouvoirs et d’indépendance de la justice, l’on ne doit en aucune manière interférer dans le domaine des autres pouvoirs». Il déclare : «Laissons la politique aux politiciens, laissons le Conseil constitutionnel faire son travail, laissons les deux assemblées, émanation du peuple, remplir leur mission. Contentons-nous d’adresser les revendications des magistrats à qui de droit. Le rôle du Syndicat national des magistrats est clair et net, c’est un groupement socioprofessionnel et culturel, indépendant et la sous-traitance politique n’est pas de notre ressort. Nous y veillerons.»
Pour sa part, Moussa Boussouf, membre du bureau exécutif et chargé des relations extérieures, estime que le président «a outrepassé ses prérogatives en s’exprimant sur le contenu des débats de l’assemblée générale frappés d’un huis clos qu’il a lui-même imposé». Il est clair, précise-t-il, qu’en fermant les portes aux journalistes «le président voulait en fait empêcher ces derniers d’entendre les voix contestataires. Celles qui exigeaient un bilan de son mandat pour le pousser au départ. Le président vient de commettre une grave erreur. Il doit s’expliquer».
Joint par téléphone, le président du SNM s’est refusé à tout commentaire sur les réactions de ses collègues, précisant toutefois n’avoir fait que «répondre à des questions posées par des journalistes». Une polémique qui s’apparente à une véritable fracture au sein du bureau national de l’organisation, dans la mesure où les deux contestataires, le secrétaire général et le chargé des relations extérieures, constituent son fer de lance.
D’ailleurs, pour se prémunir d’un retrait de mandat lors de la dernière assemblée générale, M. Aïdouni s’est rapproché du secrétaire général, avec lequel les relations étaient pourtant assez froides.
Une stratégie qui lui a permis de calmer la contestation.
Mais la réalité du terrain a dévoilé la précarité de la cohésion du bureau et tout indique que les jours du président sont comptés.
 


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