La source d'El Haoudine, une eau miraculeuse ou simple croyance populaire Perchée sur le vaste massif forestier de l'Atlas blidéen

Photo : S. Zoheir
Par Ramy Narimène
Des entrailles de l'imposant massif forestier d'El Haoudine (deux bassins), au nord-est de Médéa, jaillit une eau de source que l'imaginaire populaire assimile à une sorte d'eau de jouvence capable de redonner au corps humain toute sa vigueur et sa force.
Des personnes souffrant de pathologies diverses, de malades chroniques ou leurs proches parcourent parfois des dizaines de kilomètres pour cette eau, à laquelle on prête des effets miraculeux sur la santé. La renommée de l'eau de source d'El-Haoudine a dépassé les frontières de cette petite commune montagneuse, perchée sur le vaste massif forestier de l'Atlas blidéen.Les effets «miraculeux» associés à cette eau se sont répandus dans toute la région du centre du pays, à telle enseigne qu'ils ont provoqué une véritable ruée vers ce lieu, autrefois très peu fréquenté en raison de la situation sécuritaire qui prévalait dans cette région.
Avoir quelques litres de ce précieux liquide demande beaucoup de patience
Le rétablissement de la sécurité sur ce tronçon de la route nationale n°8 reliant la ville de Larbaa (Blida) à Tablat (Médéa), point de jonction entre le nord du pays et les régions de l'Est, s'est accompagné d'une expansion vertigineuse du nombre d'adeptes des thérapies traditionnelles ou de personnes en quête d'une nouvelle santé. Des files de voitures, dont les plaques minéralogiques indiquent différentes régions du centre du pays, se forment, tous les jours, dès les premières heures de la journée, des deux côtés de la route d'où coule cette source.Le droit à quelques litres du précieux liquide demande beaucoup de patience, au regard de la forte affluence. Il arrive même que l'attente dure plus d'une heure, notamment en fin d'après-midi, avec l'afflux des riverains et des habitants de la commune voisine de Tablat, qui viennent s'y approvisionner, car eux aussi ont pris l'habitude d'en consommer malgré l'existence d'un réseau de distribution domestique d'eau potable.Nombreux sont les habitants qui disent préférer cette eau pour sa qualité et sa légèreté à celle du robinet, réservée exclusivement aux tâches ménagères, expliquant ce choix par la teneur élevée en chlore de cette dernière et son goût particulier. Si l'eau de source d'El Haoudine est si prisée par les autochtones et attire autant de personnes, c'est grâce à ses vertus avérées, tant au plan sanitaire que nutritif, nous confie un médecin de la région de Tablat, qui a opté depuis des années pour cette eau. Selon notre interlocuteur, la quantité d'eau consommée par les membres de sa famille à presque doublé depuis qu'ils ont commencé à consommer cette eau de source, affirmant puiser chaque jour l'équivalent de presque dix litres, alors qu'auparavant le ratio quotidien de la famille n'excédait pas les trois litres.«J'ai remarqué que mes enfants consomment de plus en plus d'eau, depuis que j'ai opté pour l'eau de source d'El-Haoudine, ils la trouvaient si bonne qu'ils en redemandent régulièrement», a indiqué ce médecin, qui dit avoir constaté également que les légumes verts et secs cuisent plus rapidement dans cette eau, alors qu'avec l'eau du robinet elles mettent plus de temps. Cet avis est partagé par d'autres praticiens, nombreux à se déplacer, en fin de journée de travail, à la source pour remplir leurs jerricanes. Certains d'entre eux font part d'expériences professionnelles vécues, citant des cas de malades souffrant de problèmes rénaux guéris après avoir suivi une «cure».
Nombre de ces patients ont reconnu s'être débarrassés de leurs calculs rénaux en suivant cette «cure»
Même s'il est difficile pour eux de prouver de manière incontestable et scientifique la relation directe entre la guérison et cette eau, ils n'écartent pas, pour autant, l'effet induit par cette eau sur l'organisme de certains des patients qu'ils ont eu à traiter par le passé. Nombre de ces patients ont reconnu s'être débarrassés de leurs calculs rénaux en suivant cette «cure» et ne ressentent, depuis, aucune colique néphrétique.Ces cas de guérison ont contribué, en quelque sorte, à forger la réputation de l'eau de source d'El-Haoudine et entretiennent de fait son côté «miraculeux» qui continue d'attirer les citoyens en quête de guérison.Des personnes souffrant de calculs rénaux, de troubles intestinaux, de rhumatisme aigu ou de difficultés fonctionnelles font partie des catégories de malades qui font le déplacement, depuis de lointaines régions du pays, telles que Biskra, Laghouat, Djelfa ou encore des villes voisines de Bouira et de M'sila, pour s'approvisionner en cette eau. Tous croient fermement à ses vertus miraculeuses et s'attendent à trouver en elle le remède tant espéré pour leur guérison.S'ils n'hésitent pas à passer toute une journée sur les routes pour venir de si loin à la recherche de cette eau, c'est uniquement parce qu'ils sont convaincus, disent-ils, du «bien-fondé» de leur quête et du résultat attendu, justifiant cette quête par les «limites» de la science et des thérapies qu'elle préconise. Pour beaucoup, les chances de guérison dépendent du degré de croyance de la personne en ces vertus et sa capacité à surmonter, mentalement, la maladie et le résultat ne peut être positif que quand ces deux éléments sont présents et associés, soutenant que l'influence du mental est déterminante dans la régression de la maladie et la guérison.