Algérie

La souffrance de nos frères berbères a assez duré !



Avril 2005, les printemps passent et rien ne change pour nos compatriotes berbères. Des années de souffrance, des vies sacrifiées et une fraction de la nation meurtrie par le mépris qui lui est opposé. Ce crime qui cause la douleur intarissable de nos frères berbères doit cesser ! Il est temps, aujourd?hui, d?affronter sérieusement et sans faillir la grande question de l?unité nationale. Nos frères berbères souffrent et les autres citoyens de ce pays ne peuvent continuer à détourner la tête en refusant d?entendre le cri du désespoir. L?atteinte au libre usage d?une culture est un crime car elle se confond toujours avec le bien le plus précieux de l?humanité, celui de l?intelligence, celle-là même qui nous distingue des bêtes et des civilisations ancestrales et barbares. La révolte récurrente de nos frères de Kabylie est légitime car elle répond à une situation intolérable de déni de droit et d?oppression. Nul arabophone, certainement pas moi-même, ne saurait dicter à quiconque ce qui serait la culture dominante, la culture officielle ou encore la culture historique d?un pays. Chacun a non seulement le droit de vivre sa citoyenneté avec la richesse culturelle qui lui a été transmise, mais aussi le devoir impérieux de contribuer à son épanouissement au bénéfice de la nation. L?aveuglement des nationalistes, trop occupés à leurs incantations ridicules et à leur égocentrisme aveugle, n?ont bien évidemment pas su consolider cette nation. Les seules fondations solides qu?ils ont pu ériger sont celles des patrimoines personnels et des pouvoirs inamovibles avec l?aide du ciment de la terreur et de la corruption. Depuis des années, des révoltes sanglantes éclatent en Kabylie sans perturber le moins du monde ce système monolithique d?une rare insensibilité. Même le problème islamiste, bien que douloureux et violent, n?a jamais posé à ce point la question de la rupture nationale, car il est un accident de l?histoire dont les dirigeants de ce pays ont largement contribué à alimenter. La question berbère est d?une tout autre envergure car elle dissimule les plaies les plus profondes et les ranc?urs les plus dangereuses jusqu?à risquer de provoquer un jour ou l?autre l?irréparable. Quant à nous-mêmes, démocrates, l?impasse est aussi manifeste, car nous serions aujourd?hui, comme en 1991, aussi mal à l?aise avec un fusil qu?ils ne le seraient avec un dictionnaire. La gravité des évènements nous interdit pourtant de continuer à reproduire les mêmes stratégies d?opposition qui sont vouées à l?échec et qui engloutissent à chaque fois davantage de vies humaines pour un résultat nul. Des décisions radicales doivent être prises, notamment celles qui tournent le dos définitivement à toute discussion avec un pouvoir dont nous n?avons rien à attendre. Nos compatriotes berbères doivent impérativement recevoir un signe d?encouragement et de bonne volonté si l?on ne souhaite pas aller vers l?horrible impasse de la guerre civile. Il suffit de surfer dans les différents forums internet pour s?épouvanter de la querelle qui fait rage entre de très jeunes citoyens. Les insultes et les invectives réciproques atteignent des niveaux horrifiants de racisme, d?intolérance et de bêtise. Quant à la pseudo réflexion, chacun y va de son calife ou de son Jugurtha pour lancer à la figure de l?autre son passé, qui antérieur, qui plus honorable. A chaque réminiscence de la douleur de mes compatriotes berbères ou d?une commémoration, j?éprouve le souhait et le devoir de leur témoigner mon entière solidarité. Dans ces moments, j?ai envie de leur répéter inlassablement, si mon engagement militant ne le prouvait déjà, que leur douleur est la mienne. J?ai envie de leur dire, avec l?humilité et la pudeur que la situation exige, que je les aime avec la même intensité que toute partie de mon identité nationale. Lorsque l?occasion m?en a été fournie durant ces années, j?ai toujours commencé mes paroles en rappelant que je suis Algérien et donc également citoyen de Kabylie. J?ai cette naturelle impression que je suis parmi les miens lorsque je m?adresse à eux. Ma position serait identique quels que soient le lieu et la communauté dont il s?agit, de surcroît lorsque cette dernière a le sentiment d?être humiliée. Tout cela est indigne et doit cesser.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)