La Somalie des Shababs menace le Somaliland : Le Sud contre le Nord

Le Somaliland vit la contagion djihadiste. Les présidentielles, reportées 3 fois depuis 2008, sont lancées. En course, le président sortant, Dahir Riyale, et ses deux principaux rivaux, le candidat du parti de la justice et du social, Fayçal Ali, et celui du parti du développement et de la solidarité, Ahmed Mohamed Mahmoud. Mais, par-delà une compétition électorale décisive pour l’avenir de cette jeune république du Nord, proclamant son autonomie depuis 1991, le défi de la stabilité et de la sécurité se pose de façon accrue.En déficit de légitimité internationale, le Somaliland qui n’est reconnu par aucun Etat dans le monde est confronté à la menace insurrectionnelle des Shababs, la version El Qaïda de la Somalie, exerçant une hégémonie totale sur le Sud et le Centre. Jusque-là épargné des affres de la guerre civile et du chaos interne, le Somaliland vit la contagion djihadiste. Les prémices de la déstabilisation se sont déjà fait sentir, en octobre 2008, avec les attentats kamikazes commis dans la capitale, et affirmées davantage avec l’arrestation, en 2010, de 11 éléments en possession d’explosifs.La situation de vives tensions légitiment l’appel à la vigilance et au sens des responsabilités, émis par des dignitaires religieux.Le spectre de la violence plane sur Hargeisa (capitale), qui s’entoure des mesures de sécurité draconiennes : fermeture des frontières, interdiction des mouvements des personnes et du transport, réglementation des activités de base… L’enjeu des présidentielles présente le double défi de la préservation de la stabilité et la mise en échec de la déferlante des Shababs appelant au choix entre la théocratie et le rejet des «valeurs diaboliques» de la démocratie honnie. Pour un observateur étranger installé dans la région, l’équation est simple.« Si les Shababs prennent Mogadiscio et font flotter le drapeau noir sur la présidence, je pense qu’il ne faudra que quelques semaines, même pas des mois, pour que le Somaliland s’effondre.» Au 50e anniversaire de l’accession à l’indépendance, les présidentielles du 26 juin sont considérées comme un «jour historique» pour la consolidation de la souveraineté naissante du Somaliland confronté à un isolement international et au défi sécuritaire.