Algérie

La solution viendra des Egyptiens et de la communauté internationaleHasni Abidi. Politologue spécialiste du monde arabe



La solution viendra des Egyptiens et de la communauté internationaleHasni Abidi. Politologue spécialiste du monde arabe
- L'état d'urgence instauré avant-hier marque un retour aux pratiques de l'ancien régime de Hosni Moubarak. La révolution égyptienne est-elle en train de connaître un retour à la case départ '
Il ne s'agit pas d'un retour à la case départ, mais d'une régression inquiétante depuis la chute de Hosni Moubarak le 24 janvier 2011. La fin de l'état d'urgence et du couvre-feu semblait être des acquis de la révolution et leur rétablissement marque le début de moments peut-être plus sombres encore que sous Hosni Moubarak. Les transitions démocratiques sont toujours périlleuses : on n'est jamais à l'abri d'une contre-révolution. Les débuts de la transition démocratique égyptienne ont été chaotiques. Les erreurs de l'armée et de Mohamed Morsi ont coûté cher à cette transition, mais pour le moment, les formes sont sauvées : le gouvernement et un président légitime ont été maintenus. Pourtant, si la situation venait à s'embraser, les institutions pourraient s'effondrer, créant, dès lors, un risque réel de militarisation du politique.
- Comment sortir de la crise politique et sécuritaire que traverse l'Egypte '

La solution viendra des Egyptiens et de la communauté internationale. Celle-ci, notamment les Etats-Unis, doit intervenir pour que les parties discutent. L'emprisonnement de la direction des Frères musulmans prive l'armée d'un interlocuteur fiable, mais la solution ne peut venir que d'une discussion entre l'armée et l'ensemble des Egyptiens. Il est également urgent que l'armée donne le calendrier de son désengagement dans le politique, pour laisser le champ ouvert aux différentes forces politiques.
- La discussion est-elle toujours possible entre les différentes parties '

La discussion est difficilement envisageable dans un décor de chaos, de désolation et de volonté de revanche. Cependant, l'épreuve de force n'est pas une solution. L'épuisement des deux camps pourrait, avec la relance d'une médiation internationale, ramener islamistes et militaires à plus de négociations et plus de compromis.
- Quel rôle doit jouer la communauté internationale dans la recherche d'une solution '

Elle a péché par une indifférence complice au lendemain de la chute de Moubarak, laissant l'Egypte se débrouiller seule face aux anciens démons de la tentation autoritaire et face à un héritage économique et politique catastrophique. Aujourd'hui, il va de la responsabilité morale de protéger un peuple et de préserver un Etat central dans la région que de soutenir l'Egypte et sa transition. Washington et Bruxelles ont les moyens d'exercer des pressions sur toutes les parties afin que le dialogue soit le seul langage et exiger de l'armée des mesures d'apaisement en libérant la direction des Frères musulmans.

- Y a-t-il actuellement une alternative à l'affrontement dual entre les Frères musulmans et les partisans de l'armée '

Il y a une troisième voix : celle d'El Baradei. Mais elle est inaudible. La démission d'El Baradei du gouvernement illustre l'impasse actuelle de cette alternative. Il a quitté le gouvernement, car il ne pouvait cautionner la répression menée par l'armée, mais n'a pas eu d'autre moyen d'action que la démission pour en témoigner. Les Egyptiens qui dénoncent aussi bien la militarisation du pays et le coup d'Etat du général Al Sissi ne peuvent être entendus que par la voie démocratique.


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