Algérie

«La solution, ce serait des cogestions intelligentes du flux migratoire»



Pour Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères, le monde actuel de 2018 ne ressemble pas du tout à ce qu'ont espéré la plupart des pays du monde. «Pour la plupart des pays, c'est très compliqué de s'adapter à cette situation, c'est un peu inquiétant». Pour le diplomate, c'est un monde chaotique, instable pas clairement prévisible, avec des changements d'alliances dans tous les sens.C'est lors d'une conférence-débat qu'il a animée, ce mardi en fin d'après-midi, au niveau du Royal hôtel, que l'homme politique a abordé avec l'assistance les grandes lignes de son dernier livre «Comptes à rebours» où il est question de menaces écologiques, d'explosion démographique avec les migrations qui en découlent et paraissent immaîtrisables ; la révolution numérique qui bouleverse l'organisation des sociétés et l'économie mondiale. Pour l'intervenant, il n'y a pas de contrôle global, «pour tous ceux qui constatent que le monde n'est pas saint, qu'il y a des affrontements de puissances en vue et qui vont continuer, c'est très dur à intégrer».
Pour Hubert Védrine, on ne verra pas un monde dans lequel les Occidentaux vont redevenir dominants comme ils l'ont été pendant trois siècles. Les Européens non plus, «vous ne reverrez pas l'équivalent des trois siècles de colonisation.
Pas de domination américaine même si ça reste le pays le plus puissant encore, pas de nouvelles dominations des Occidentaux qui en plus, ils ne sont pas d'accord entre eux. Pas de domination par la Chine à elle seule, même si ce pays est capable d'intimider, d'orienter plusieurs dizaines de pays. Les pays émergents ne peuvent pas non plus gouverner le monde car il n'y a pas d'alliance entre eux. Alors ça donne quoi ' Ça donne un monde comme le dit le secrétaire général de l'ONU, un monde chaotique». La question migratoire n'était pas en reste de ce débat, une question connue et vécue dira l'ancien ministre des Affaires étrangères, dans toutes les histoires de l'Humanité, plus ou moins bien gérée, et dans certains cas, c'était une catastrophe.
Pour lui, la solution, ce serait des cogestions intelligentes du flux migratoire. Il précise qu'en parlant de migration, il n'y a rien à voir avec le droit d'asile qui concerne les gens persécutés. «On ne peut pas appliquer ce concept sur les migrants économiques.» Il n'y a aucun doute sur le fait qu'il y aura un mouvement migratoire partout tout le temps, dit-il et d'ajouter «l'ONU dit qu'il y a 5% de gens qui ont essayé de migrer chaque année. Ce qui est énorme et comme je vous ai dit, ça se terminera inévitablement par des sortes de cogestions organisées entre les pays de départs, de transits et d'arrivée.» Il citera l'exemple de l'Afrique du Sud, où dit-il, toute la presse parle d'envahissement et que cela ne peut plus durer et qu'il faudra fermer. «Ils ne disent même pas comme on dit pour Schengen qu'il faudrait essayer de gérer mieux. L'ouverture totale est insensée, ça ne marche pas, ça fait exploser les sociétés et la fermeture totale est impraticable, donc, on est condamné à des systèmes de cogestion», conclut Hubert Védrine.
A. B.


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