Algérie

La solidarité réinventée



Désolation, détresse, douleur... Les mots ne sont pas assez forts pour exprimer fidèlement ce qu'a induit la terrible épreuve que subissent des populations entières des villes et villages de la wilaya de Tizi-Ouzou depuis lundi après-midi. Mais un mot revient inlassablement, un mot qui a pris tout son sens encore une fois : solidarité.Dans un court intervalle, le dramatique manque d'oxygène pour les victimes du Covid et la vague pas très ordinaire d'incendies qui n'a rien épargné, deux tristes moments de l'histoire récente d'une région qui pourtant a connu des tranches de vie collective d'une douleur qui restent encore en mémoire. Deux circonstances majeures ont, en effet, permis à des centaines, des milliers de personnes de mettre en avant une valeur ancestrale, ancrée à jamais quoi que fassent les vicissitudes de la vie dans ces contrées du pays profond.
Spontanément, lundi en fin de journée, avant même que les premiers appels au secours soient lancés sur les réseaux sociaux, se mirent à s'organiser des dizaines puis des centaines de personnes qui n'avaient pour préoccupation que de venir en aide d'une manière ou d'une autre à leurs amis, de la famille et des proches ou de simples connaissances, des montagnes d'où provenaient les informations qui se faisaient plus alarmantes au fil des heures, confirmant les craintes émises dès le milieu de l'après-midi de ce triste lundi, lorsque le ciel de Tizi-Ouzou tournait au fur et à mesure au sombre, l'air devenant irrespirable avant que les premières rafales de vent commencèrent à faire tomber de la cendre, le tout enveloppé par la forte odeur de brûlé.
Puis vinrent les appels à travers les réseaux sociaux, là et bien que l'heure du couvre-feu était passée, une formidable chaîne s'est formée, des dizaines de personnes venant de tous les coins de la ville de Tizi-Ouzou se mirent à converger vers le boulevard Krim-Belkacem, au c?ur de la nouvelle-ville, lieu de ralliement instinctivement désigné pour se charger de l'organisation. De nombreux commerçants des alentours avaient déjà rouvert leurs échoppes, leurs supérettes et leurs locaux, offrant tout ce qu'ils avaient à porter de main, de la nourriture, de l'eau et tous autres produits dont les sinistrés pouvaient avoir besoin. Très vite, le boulevard était noir de monde, les véhicules chargés de faire parvenir les colis éprouvaient parfois quelque difficulté à traverser les trois kilomètres de la grande artère pour se diriger qui vers Larbaâ-Nath-Irathen qui vers Ath Yenni alors que d'autres, au milieu de la soirée, étaient orientés sur des villages de Beni Douala où les flammes ravageuses étaient parvenues.
L'?uvre de solidarité ne s'est pas arrêtée aux limites des frontières de Tizi-Ouzou. Des wilayas voisines, Alger, Boumerdès, Bouira et Béjaïa, dès le petit matin de mardi, arrivaient des convois de véhicules en tous genres, chargés de denrées de toutes sortes. Des guides étaient désignés pour les accueillir au centre-ville de Tizi, au Bâtiment-Bleu où par exemple une caravane arrivée de Dellys a été dirigée sur l'éplorée Larbaâ-Nath-Irathen d'où le nombre de victimes n'a fait qu'accentuer la volonté des secouristes de fortune de braver tous les dangers possibles pour venir en aide aux populations de la multitude de villes et villages ayant enduré les affres des flammes ravageuses. Des scènes de solidarité agissante qui ragaillardirent des jeunes volontaires dont nombreux n'ont même pas voulu s'offrir un moment de répit pour reprendre des forces pour affronter les incertitudes de la soirée de mardi puis de celle de la journée d'hier, comme par exemple ces jeunes hommes qui avaient décidé de sillonner toutes les entrées possibles de la ville de Tizi-Ouzou pour accueillir et orienter les volontaires et les caravanes arrivés des autres wilayas du pays.
Jusqu'à hier, en début d'après-midi, une multitude d'appels de donateurs était lancée, à travers Facebook, à partir d'Alger, de Annaba, d'Oran et de plusieurs autres villes du pays pour, entre autres, des propriétaires de véhicules utilitaires, de camions ou autre moyen de transport pour faire parvenir des produits de première nécessité aux milliers de sinistrés de la Haute-Kabylie, voire même de villages aux portes du chef-lieu de wilaya, tels Beni-Zmenzer et Bouhinoun, qui comptaient parmi les nouvelles localités cibles de nouveaux incendies.
Azedine Maktour


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